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Si 1863 est l’année du scandale du Déjeuner sur l’herbe de Manet au Salon des refusés, c’est aussi celle de la mort d’Eugène Delacroix. Choqué par la tiédeur des hommages officiels, Fantin-Latour se lance, pour le Salon suivant, dans la réalisation de son fameux Hommage à Delacroix : grande toile-manifeste qui rassemble une nouvelle génération d’artistes novateurs et de critiques comme Baudelaire et Champfleury autour de l’austère effigie du maître disparu. Manet, Whistler, Legros, Bracquemond et les autres n’étaient pourtant pas des disciples fidèles, mais en se plaçant sous son égide, ils revendiquaient une même liberté artistique face aux conventions.

L’exposition du musée Eugène-Delacroix retrace l’aventure de cette toile – sa conception, ses variantes – et en met en lumière les élus et les exclus. Elle relate cette fraternité artistique à travers les portraits croisés des artistes en présence et les œuvres qui les rattachent à l’héritage de Delacroix. Au-delà, l’Hommage à Delacroix évoque la question des portraits de groupes d’artistes et des vues d’atelier comme lieu de sociabilité. Enfin, l’exposition se conclut sur l’hommage officiel confié finalement au sculpteur Dalou, avant celui, décidément hors norme, de Paul Cézanne, éclatante reconnaissance de Delacroix comme porte- drapeau de la modernité.

Commissaire de l’exposition : Christophe Leribault.

Du 7 décembre 2011 au 19 mars 2012 Musée Eugène-Delacroix – 6, rue de Furstenberg, 75006 Paris

Fantin-Latour, Manet, Baudelaire L’Hommage à Delacroix

LECTURE AU MUSÉE

EUGÈNE-DELACROIX

13 et 14 octobre à 19 h

Delacroix vu par Théophile Gautier Voir p. 46.

— Le catalogue de l’exposition Sous la direction de Christophe Leribault. Coédition Le Passage / musée du Louvre éditions. Environ 168 p., 130 ill., 28 €.

Henri Fantin-Latour, Hommage à Delacroix, musée d’Orsay