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Conserver est la première mission confiée aumusée
selon le code du patrimoine (article L441-2) :
«Les musées de France ont pour missions permanentes
de :
a) conserver, restaurer, étudier et enrichir leurs
collections. »
On entendra ici cette mission dans une acception
large, dans toutes les étapes de la conservation des
collections :inventaire,récolement,documentation,
conservation préventive, sauvegarde.
La grande diversité des collections du Louvre
et des lieux qui les conservent, l’histoire de
leur constitution rendent les problématiques
de conservation particulièrement complexes :
les départements ont des problématiques de
conservation très diverses, qui varient selon la
nature des matériaux et des œuvres ; par ailleurs,
le Palais n’ayant pas été conçu à l’origine comme
un musée, les conditions de conservation sont
loin d’être parfaites. Sa situation près de la Seine
d’une part, et au cœur de Paris d’autre part,
implique en outre une stratégie particulière en
termes de sauvegarde. Ce sont donc des enjeux
difficiles à appréhender, particulièrement lourds,
qui demandent que des procédures harmonisées
et partagées par tous les acteurs concernés soient
mises en place sur le long terme.
I
nventorier
L’inventaire est le cœur même de l’identité d’un
musée : en fixant par écrit, juridiquement et
scientifiquement, la nature des collections, il définit
en effet le périmètre dumusée, ce dont tout découle.
La tenue de l’inventaire est une mission
fondamentale, l’une des principales missions
confiées aux conservateurs, dont le sens doit être
rappelé dans cette dimension symbolique autant
qu’administrative : tout d’abord administrative,
car ce document est le seul à rassembler les
références qui fondent juridiquement la propriété
des œuvres et à garantir la permanence de la
collection, mais également historique, car il
constitue une source essentielle d’information
sur les collections du musée et témoigne de la
politique d’acquisitions de l’établissement.
Les inventaires du Louvre
Dès la création du Louvre, le besoin de répertorier
et de connaître la totalité des biens qui y étaient
conservés, qu’ils aient été acquis à titre gratuit ou
onéreux, s’est fait jour. L’histoire de la constitution
des collections justifie l’emploi du pluriel pour
le Louvre où plusieurs types d’« inventaires »
cohabitent : livres d’acquisition, registres d’entrées,
registres de fouilles, inventaires communs aux
antiques dans certains cas… Chaque création
d’un département a en outre créé de nouveaux
documents, ce qui porte le nombre de documents
qualifiés d’inventaires à un nombre élevé. Les
types de numérotation des collections sont ainsi
également très disparates et nombreux, allant
même jusqu’à des doublons dans le Louvre, avec
des numéros attribués par département.
On peut distinguer dans l’histoire du Louvre
plusieurs types d’« inventaires » :
•
de véritables inventaires pour tout le musée et
donc uniques pour l’ensemble des collections, dits
« inventaires généraux récapitulatifs », établis au
19
e
siècle : l’inventaire Napoléon (jamais achevé),
les inventaires généraux des musées royaux de
1814 et 1832 puis l’inventaire général des musées
impériaux ;
•
des « inventaires courants », constitués
des registres d’entrée et livres d’acquisition,
spécifiques à chaque département et encore
ouverts aujourd’hui (ex. : au DAG, au DP et au
DS) ;
•
les inventaires RF et INV ;
•
de nombreux registres spécifiques, issus soit
de collections entrées au Louvre (Campana par
exemple, inventorié « Cp » à l’issue d’un inventaire
rétrospectif), soit d’inventaires rétrospectifs, soit
encore de registres de mouvements qui constituent
dans certains cas la seule trace de la présence de
l’œuvre, ou enfin des catalogues des collections.
Les défis pour le Louvre : la clarification et
l’harmonisation des inventaires doivent être
un objectif pour le musée, dans un contexte où
le périmètre de ses collections est aujourd’hui
stabilisé et peut donc faire l’objet de cette définition.
Dans une logique à la fois d’harmonisation et
de meilleure identification des collections, et en
lien avec la fin du premier récolement décennal
en 2015 et la finalisation de l’informatisation des
collections, la mise en œuvre du chantier des
inventaires fera l’objet d’une étude approfondie.
Il s’agit de respecter les normes réglementaires en
matière d’inventaire : le décret n° 2002-852 du 2
mai 2002 puis l’arrêté du 25 mai 2004
«fixant les
normes techniques relatives à la tenue de l’inventaire,
Conserver