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À quoi servent les réserves ?
Cette question n’est pas anodine car elle
conditionne la conduite des projets relatifs aux
réserves :
•
des réserves pour conserver les collections dans
des conditions adaptées ;
•
des réserves pour la préparationdesmouvements,
des restaurations, des prêts ;
•
des réserves pour favoriser les travaux sur les
collections : inventaire, documentation, études,
recherches.
Il convient aussi de rappeler que, s’il est normal
pour un musée du 21
e
siècle d’avoir des réserves
et de bien les concevoir, la vocation première d’un
établissement en charge de collections nationales
est bien de présenter celles-ci au public. De ce
fait, la problématique des réserves ne peut, ni ne
doit être prise en compte seule mais en lien avec
d’une part la présentation en salles, d’autre part
la politique de dépôts : une réserve n’est pas un
objectif en soi, mais un outil de mise à disposition
des collections au profit d’un profil bien particulier
de publics (professionnels, chercheurs…).
Actuellement au Louvre :
•
63 réserves différentes, réparties sur 14 200 m²,
dont 57 réparties dans le Palais, et cinq sites
externalisés représentant 4 000 m² (Plaine Saint-
Denis, boulevard Ney à Paris, Écouen, Châlons-
en-Champagne) ;
•
460 000 œuvres dénombrées, dont près de 40 000
exposées au Louvre ;
•
une minorité de réserves réellement adaptées à
la conservation des collections et à leur étude dans
de bonnes conditions ; peu de ces réserves ont été
construites spécifiquement pour la conservation
des œuvres, et la plupart ne répondent donc
pas aux normes. Même des réserves prévues
spécifiquement posent aujourd’hui question : c’est
le cas des réserves aménagées dans le cadre du
projet du Grand Louvre, construites en sous-sol,
c’est-à-dire en zone inondable.
Le cas particulier des arts graphiques
À quelques exceptions près, notamment la
chalcographie conservée à Saint-Denis, la totalité
de la collection d’arts graphiques (en tout près de
195 000 œuvres) est conservée en réserves dans le
Palais, qui ne posent aucun problème car elles ont été
conçues à cet effet et ne sont pas en zone inondable.
Les œuvres sont essentiellement regroupées dans
la salle de consultation du département et dans
des magasins situés à proximité. Un espace est
spécifiquement dédié à la collection Edmond de
Rothschild. Également proches du département, on
compte la réserve Le Brun (cartons et rouleaux) et
la réserve des encadrés (œuvres encadrées, estampes,
cadres). Plus éloignées sont la réserve Sully II Arts
graphiques dans le pavillon de l’Horloge et la réserve
du Carrousel en zone inondable (quatre cartons
montés sur châssis et une œuvre du musée d’Orsay).
Certains de cesmagasins et de ces réserves nécessitent
des aménagements afin d’assurer une hygrométrie
stable.
Deux projets stratégiques
Externaliser les réserves du Louvre pour
sauvegarder les collections : le pôle de
conservation du Louvre à Liévin
Depuis 2002, la préfecture de police de Paris
alerte sur les risques encourus par les collections
du Louvre en cas de crue centennale. On estime
qu’environ 200 000 œuvres réparties sur 8 600 m²
de surfaces inondables sont concernées par ce
risque de crue.
Le projet de pôle de conservation à Liévin, dont
l’ouverture est prévue pour 2018, est essentiel pour
le musée : pour la première fois de leur histoire,
toutes les collections du Louvre en réserves (toutes
les collections en réserves hors arts graphiques),
seront réparties de manière cohérente. Il s’agira
d’un outil de travail nouveau pour les équipes du
musée et les chercheurs extérieurs.
Le choix du site de Liévin s’inscrit directement
dans la continuité du projet du Louvre-Lens :
réalisé comme le Louvre-Lens en partenariat étroit
avec la Région Nord–Pas-de-Calais, le pôle de
conservation est pensé comme un prolongement à
l’offre proposée par le Louvre-Lens, avec qui il sera
en synergie étroite ; la présence des collections du
Louvre à proximité immédiate du Louvre-Lens
viendra notamment nourrir la programmation
des coulisses du musée, en réserves visitables
et dans l’atelier de restauration. Construire les
réserves du Louvre à proximité du Louvre-Lens,
c’est ainsi garantir la pérennité du Louvre-Lens et
renforcer le lien de ce musée avec le Louvre.
Objectifs du pôle de conservation tels que
définis dans le programme fonctionnel remis en
novembre 2014 :
•
de meilleures conditions de conservation pour
l’ensemble des collections dans un bâtiment
spécifiquement dédié et construit selon les normes,
incluant des espaces dédiés à des typologies de
collections nécessitant des conditions particulières, et
présentant tous les espaces nécessaires à la conservation
des collections (quarantaine, espaces dédiés aux retours
de l’extérieur, au stockage des caisses…);
•
un outil au service des collections et des équipes
pour favoriser la gestion des collections avec des
Le domaine, les collections, les publics et les équipes