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Louvre se conforme à l’obligation de prouver lui-
même la sortie légale du territoire de toute œuvre
acquise, d’obtenir tous les titres de propriété du
propriétaire précédent ;
-
dans le cas où il serait très difficile d’obtenir
ces preuves, notamment pour des œuvres déjà
présentes sur le territoire, une publication attestant
de la présence hors de son pays d’origine avant
1970 peut être, à défaut, jugée suffisante pour
témoigner de la bonne foi du musée acquéreur.
Ayant laissé la possibilité de revendication d’un
État qui se jugerait spolié, une publication peut
ainsi constituer la pièce principale d’un dossier
d’acquisition.
•
La question de la responsabilité du Louvre dans
les prix de ses acquisitions relève du bon usage
des deniers publics et des ressources propres de
l’Établissement public.
C’est un sujet particulièrement complexe et
sensible dans un contexte où le marché est assez
fluctuant, et où le Louvre ne se situe qu’au niveau
des chefs-d’œuvre.
Ces points de vigilance sont abordés en interne
(en commission d’acquisition du Louvre) mais
également avec le ministère dans le cadre du
Conseil artistique des musées nationaux .
Quels liens avec les musées de France ?
Si la politique d’acquisition du Louvre vise à
enrichir les collections nationales qui lui sont
confiées, il doit aussi être en capacité d’orienter
tel ou tel achat d’œuvre vers un musée de France
plutôt qu’au Louvre.
L’acquisition doit ainsi aussi devenir un moyen
de collaboration entre les musées, et un outil de
la politique territoriale du musée du Louvre. Le
rôle des grands départements est essentiel en la
matière. C’est par excellence le moment privilégié
de dialogue avec d’autres musées nationaux
(Cluny, Écouen…).
D
es modes variés d
’
enrichissement
des collections
Les ventes publiques
Si les ventes de gré à gré ne doivent bien sûr ni
cesser ni être dédaignées, il semble que le Louvre
doive renforcer sa présence sur le marché des
ventes publiques, en lien étroit avec le Service
des musées de France : cela passe par une veille
accrue sur ce marché spécifique, par une meilleure
réactivité du musée, notamment pour les ventes
à l’étranger, par une réflexion sur le recours à la
préemption et sa confidentialité.
De manière générale, le Louvre a tout intérêt
à engager cette réflexion, notamment pour
suivre les préconisations du Conseil artistique
en matière d’achat dit de « seconde main» : afin
de ne pas favoriser les spéculations, il est en effet
recommandé de ne pas faire l’achat à un prix plus
élevé d’œuvres passées en vente moins de deux ans
auparavant, sauf si une raison objective (nouvelle
attribution, restauration notamment) motive cette
nouvelle estimation.
L’achat n’est pas le seul mode d’enrichissement
des collections.
Les dons et donations
C’est un mode d’enrichissement des collections
dont le Louvre a notablement bénéficié et dont il
bénéficie encore aujourd’hui. Il faut rappeler que
de « grands donateurs » sont inscrits dans l’histoire
du Louvre et que la poursuite d’une politique
active de donations s’inscrit dans une tradition
de lien étroit entre les collections nationales et de
grandes collections privées.
Susciter de nouvelles donations est une mission
importante mais délicate. La déontologie française
des musées restreint en effet les possibilités de
valorisation de collections privées au sein des
musées publics, moyen généralement utilisés dans
le monde anglo-saxon pour susciter des donations.
Il s’agit à la fois de ne pas valoriser les collections
privées à travers leur présentation au Louvre, et de
ne pas engager le musée sur des collections dont il
n’est pas en capacité de vérifier les provenances.
Pour autant, les liens avec les grands
collectionneurs doivent être favorisés, dans la
mesure où de nombreuses collections privées ne
présentent aucun des risques mentionnés plus
haut. L’exposition de collections ne doit donc pas
être exclue systématiquement : si l’exposition au
Louvre d’une collection de qualité exceptionnelle
est liée à une donation, elle prend tout son sens
dans la politique d’exposition et d’acquisition
du musée. C’est ce que le Louvre a pratiqué
récemment avec les expositions des collections
Prat, Lemme et Motais de Narbonne. Ce type
de projets, bien sélectionnés, permet en effet à
la fois de poursuivre l’histoire des collections du
Louvre, liée à celle du collectionnisme français,
et d’encourager les collectionneurs français et
étrangers, potentiels donateurs du musée. Des
actions plus ponctuelles, consistant par exemple
à développer des accueils privilégiés des grands
collectionneurs, entrent également dans cette
logique et pourraient être renforcées.