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1682 – 1793
Collections et pouvoir, musées et Palais
Hubert Robert,
Projet pour la transformation
de la Grande Galerie du Louvre
Si LouisXIV a quitté le Louvre, un grand
nombre d’administrations royales sont restées. En
parallèle, un nouvel usage commence à être fait
du Palais qui devient le siège des arts, siège des
collections royales, lieu de réunion des Académies
qui s’installent successivement et investissent les
appartements royaux. Cette deuxième période de
l’histoire du Louvre peut être caractérisée comme
la naissance de sa vocation de présentation de
collections, et inaugure une longue période de
cohabitation entre les collections et les lieux de
pouvoir, qui ne prendra fin qu’en 1989 avec le
départ du ministère des Finances.
Cette nouvelle vocation se traduit de deux façons
tout au long du siècle des Lumières :
•
à travers les expositions (qui prennent le nom de
«Salon» à partir de 1725) organisées au Louvre
par l’Académie de peinture et de sculpture qui
attirent des foules de visiteurs : la première a
lieu en 1699 et le rythme de ces présentations va
évoluer tout au long du siècle, annuel de 1737 à
1747 avant de passer à un rythme biennal jusqu’à
la Révolution française ;
•
le Louvre devient également, sur cette période,
le lieu de vie et de création d’un grand nombre
d’artistes pensionnés par le roi. Au cours du 18
e
siècle, cette volonté des Académies d’exposer
les œuvres, couplée à l’ouverture de nombreuses
collections royales et princières, constitue la
préfiguration de ce que seront les premiers musées
au sens moderne. L’idée de musée prend ainsi
progressivement forme. Quant aux collections,
installées dès le 17
e
siècle dans des lieux divers du
Palais, elles sont affectées successivement dans
différents espaces du Louvre dont on trouve
encore trace aujourd’hui. Les inventaires royaux
localisent déjà à cette époque les œuvres dans des
«magasins » présents dans toutes les résidences. Au
Louvre même, la salle des Antiques est qualifiée
de «magasin des Antiques » sous l’Ancien
Régime. En effet, si la notion de réserve n’est pas
encore une réalité, des « stockages d’œuvres » sont
effectués à divers endroit du Palais, accompagnant
la transformation et le déploiement des collections
dans les divers espaces.
Pour le Louvre d’aujourd’hui, le défi est de
montrer cette histoire au public, à la fois dans le
Palais lui-même, dans l’histoire des collections
et dans l’histoire de leur présentation, certaines
présentations actuelles trouvant leurs racines
dans cette période. L’histoire des Salons, qui a
marqué l’histoire des présentations du Louvre
et de ses collections, serait par exemple un point
à expliciter davantage pour mieux rendre lisible
le Louvre d’aujourd’hui. La présentation de la
sculpture grecque et romaine au rez-de-chaussée
de l’angle sud-ouest de la Cour carrée est aussi un
héritage de la « salle des Antiques » de l’Ancien
Régime, installée salle des Cariatides à partir de
1692, comme la présentation des peintures au
premier étage du Palais est héritière du Salon et de
sa prolongation par l’aménagement de la Grande
Galerie.
Il faut aussi noter que nombre d’œuvres
aujourd’hui présentées dans l’aile Richelieu ont été
créées au Louvre par des artistes du roi, sculpteurs
et orfèvres, installés dans le Palais même. Enfin,
il convient d’expliquer aux visiteurs d’aujourd’hui
le fonctionnement de certaines pièces (Grande
Galerie, galerie d’Apollon), particulièrement liées
aux rites de Cour et usages du Palais. La terrasse
des Tuileries (ou terrasse Lemonnier) marque
aussi le seuil du jardin du Carrousel. Elle rappelle
la présence du palais des Tuileries, incendié en
1871 puis détruit en 1882–1883.