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1871 – 1981
La naissance du Louvre moderne
Cette période qui débute à la chute du Second
Empire est paradoxale. En effet, entre la fin du
19
e
et le début du 20
e
siècle, aucune logique ni
aucun « grand dessein» ne viennent relier entre
eux les événements ou projets qui président à
l’aménagement du Palais et au développement des
collections. C’est pourtant au cours de celle-ci que
se mettent en place des structures administratives
qui vont pour la plupart perdurer près d’un siècle.
À plusieurs égards, la rupture de 1871 marque
ainsi la naissance du Louvre moderne.
L
e
L
ouvre de
la
III
e
R
épublique
Le palais du Louvre sans les Tuileries
Avec la décision de la III
e
République de ne pas
reconstruire le palais des Tuileries incendié par la
Commune, le palais du Louvre est profondément
modifié : en effet, toutes les extensions du Palais
tendaient, jusqu’au Louvre de Napoléon III,
à rejoindre le palais des Tuileries et constituer
un quadrilatère au cœur de la ville aménagée
autour. Avec la disparition des Tuileries, c’est
donc toute la logique architecturale du musée qui
est modifiée : en quelque sorte, le musée, s’il est
rouvert vers la ville, perd son centre au profit d’un
jardin. C’est finalement toute cette problématique
de recentrement que cherchera à résoudre, plus
d’un siècle après, le projet du Grand Louvre.
La fin du pouvoir au Louvre
Avec la disparition des Tuileries (et leur non-
reconstruction), c’est aussi un changement
politique et symbolique majeur qui s’opère alors :
le pouvoir quitte définitivement le Louvre qui
peut alors se vouer essentiellement à la culture.
Seul le ministère des Finances vient s’installer
dans l’aile Richelieu et une partie de l’aile du
pavillon de Flore au lendemain de la Commune.
À partir de cette victoire symbolique de l’art sur le
pouvoir après deux siècles d’existence du musée,
celui-ci ne cessera dès lors de gagner du terrain.
Muséographiquement, cela se marque par la
transformation progressive en espaces de musée
des anciens espaces de vie de la cour impériale
(salles du Manège notamment).
Le début de l’administration
de la Culture au Louvre
Cette phase d’expansion est également marquée
par l’installation de l’administration des Beaux-
Arts en son sein. Par un décret du 4 mars 1874,
le Conservatoire des musées nationaux est créé
pour diriger le musée du Louvre. Le poste de
directeur du musée du Louvre existe à partir de
1875. Celui-ci se confond avec celui de directeur
des Musées nationaux, ce qui explique pour partie
la place spécifique du Louvre dans la politique
des musées en France encore aujourd’hui.
L’administration des Musées nationaux et du
musée du Louvre est alors commune et le restera
jusqu’à la désignation du premier directeur du
musée du Louvre qui ne soit pas en même temps
directeur des Musées nationaux, André Parrot, en
1968.
En 1882, le musée du Louvre est qualifié de musée
de l’État par un décret du 24 janvier. La même
année, un autre décret du 25 juillet crée l’École du
Louvre. En 1895, la Réunion des musées nationaux
est fondée par la loi de finances de l’année et le
Louvre devient, quant à lui, musée national.
L’
utopie du musée universel
Au 19
e
siècle, avec la naissance des disciplines
scientifiques, notamment archéologiques, et la
volonté de diffusion complète des savoirs qu’elles
produisent, les « témoignages » que sont les
collections donnent lieu à la création de nombreux
musées, partout, et particulièrement au Louvre.
Dès le départ, le Louvre a eu l’ambition d’être un
musée universel. L’objectif desmusées du 19
e
siècle,
dans un contexte de grands progrès des sciences et
des connaissances dans tous les domaines, est de
montrer et diffuser les connaissances universelles
sur le monde entier. C’est ce mouvement
intellectuel qui sous-tend toute l’histoire des
musées et qui, au Louvre, donnera naissance à une
division par départements à l’intérieur desquels
les œuvres sont de nouveau classées par écoles et
par techniques.
Tout exposer ?
Cette utopie du musée universel se double aussi
de l’utopie d’exposer la totalité des collections
et des œuvres, afin de permettre une vision
exhaustive de l’état des connaissances et des
« témoins matériels ».
Mais l’accroissement extraordinaire des collections
au 19
e
siècle a changé la donne : désormais, tout ce
qui entre au musée n’est pas destiné à être exposé.
En parallèle de l’apparition de réserves, la politique