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1793 – 1870
Le Palais-musée du 19
e
siècle
À la Révolution, les Tuileries redeviennent le
centre du pouvoir aux dépens de Versailles. C’est
entre leurs murs que le destin de la monarchie
puis de la nation se joue. Depuis 1789, Louis XVI
y est installé et, après la fuite de Varennes en juin
1791, y demeure prisonnier ; le 10 août 1792, c’est
l’invasion du Palais et le massacre des gardes
suisses. Instaurée le 21 septembre, la Convention
nationalise dès 1793 tant le palais que le jardin
des Tuileries : elle y siège et projette d’embellir
le jardin, afin de renforcer sa double fonction de
musée de sculptures en plein air et de lieu de fêtes
et de commémorations destinées au peuple. Quant
au Louvre, il avait entamé dès le début de la
Révolution une phase d’intenses transformations
dans le cadre du «Grand Dessein», et ce dans
la continuité des projets du comte d’Angiviller.
Le Louvre, notamment dans la deuxième moitié
du 19
e
siècle, devient alors un musée réellement
universel, présentant des collections du monde
entier. En cela, il s’inscrit pleinement dans la
dynamique muséale du 19
e
siècle, « siècle des
musées », où le musée doit présenter les témoins
matériels de l’avancée des connaissances qui
augmentent rapidement dans tous les domaines et
toutes les zones géographiques.
Universel par ses collections, le musée du Louvre,
qui a abrité au cours de cette période un grand
nombre de musées, a été associé à l’administration
d’autres institutions, quand il ne l’est pas encore.
Il mérite alors pleinement son appellation de
«musée des musées ».
L
a création du
M
uséum central des arts
,
le tournant du
«
musée
moderne
»
C’est en 1791, par décret de l’Assemblée, que le
palais du Louvre est dévolu à la « réunion de tous
les monuments des sciences et des arts ». Cette
décision s’inscrit dans la continuité du « Grand
Dessein» de la monarchie et des projets du
comte d’Angiviller. Le Louvre devient un
projet politique et citoyen, un projet éducatif et
artistique. Mais c’est aussi un lieu pour les artistes
et un lieu de connaissance (musée encyclopédique).
Si les contextes changent, le musée conserve, voire
renforce ainsi sa vocation première.
Si le Louvre n’est pas le premier musée, et qu’il
ne faut pas sous-estimer le contexte intellectuel
et politique européen dans lequel il ouvre, la
création du Muséum central n’en est pas moins un
moment décisif de l’histoire des musées modernes,
et incarne d’une certaine manière le passage des
musées royaux aux musées citoyens d’une part, en
mettant à la disposition du plus grand nombre des
collections désormais considérées comme « biens
publics », et le passage des musées de connaisseurs
ou de curieux aux musées scientifiques d’autre
part, en affirmant le musée comme lieu de passage
des connaissances de sciences, archéologiques
notamment, en gestation et qui s’affirmeront tout
au long du 19
e
siècle.
Une période d’extension du musée
et d’enrichissement des collections
Undécret du 16 septembre 1792 institue leMuséum
central des arts, inauguré le 12 août 1793. D’accès
gratuit, il est ouvert en priorité aux artistes, et au
public en fin de semaine. Le Muséum comprend
alors trois sections ou départements : celui des
Tableaux, celui des Sculptures antiques et celui des
Dessins. La plupart des peintures des collections
royales ou des saisies des biens des émigrés sont
disposées dans le Salon carré et la Grande Galerie.
Le 25 octobre 1795, l’Institut national des sciences
et des arts est créé et installé au Louvre pour les
onze années suivantes. Le Muséum est transformé
en Musée central des arts en 1797. Il se développe
à partir des appartements royaux, soit l’angle
sud-ouest du Palais : symboliquement, il s’agit
bien de rendre les espaces privés (les plus privés
en l’occurrence, avec la chambre du Roi) des
monarques déchus aux citoyens, en y installant
des collections (Antiques dans les appartements
d’Anne d’Autriche…).
En 1798, les traités de Tolentino et Campo-Formio
attribuent à la France les plus belles pièces des
collections pontificales et de Venise. Tableaux
et antiques sont acheminés en grande pompe au
Louvre.
Dès lors, le musée ne cesse de s’enrichir
des conquêtes de Napoléon, au risque d’un
engorgement des espaces dévolus aux œuvres.
À cette époque, les conservateurs sont en effet
amenés à stocker les œuvres dans divers endroits.
Avant l’ouverture du Muséum du Louvre, les
œuvres non exposées destinées à la nouvelle
institution sont entreposées dans des réserves
provisoires. Une fois le musée ouvert, les œuvres
non exposées sont stockées dans des lieuxmultiples
mais ces espaces restent insuffisants. C’est aussi
le louvre d’hier et d’aujourd’hui