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du Louvre un des symboles de son pouvoir et lui
donne l’aspect qu’il a aujourd’hui. L’architecture
du musée devient de plus en plus imposante et
le Louvre rejoint les Tuileries, formant ainsi le
quadrilatère qui subsiste aujourd’hui, et s’inscrit
dans le nouvel urbanisme parisien avec la percée de
la rue de Rivoli et les constructions de la première
Exposition universelle parisienne en 1855.
Le Louvre d’aujourd’hui est en grande partie
un Louvre du Second Empire, tant dans son
aspect extérieur que dans de nombreux espaces
intérieurs. Les décors, salles du musée, espaces du
Palais impérial devenus salles du musée (salle du
Manège, anciennes dépendances devenues salles
de sculptures, salles de réception du ministère
d’État muséographiées en tant qu’appartements
Napoléon-III du département des Objets d’art,
salles des États…) sont autant de traces de cette
période ;
•
l’enrichissement des collections est important
sous le Second Empire. La principale acquisition
faite à l’époque est celle de la collection Campana,
en 1861. Ses 11 385 œuvres (peintures, majoliques et
antiques) forment le musée Napoléon-III, présenté
d’abord au palais de l’Industrie en 1862 puis au sein
du Louvre. Viennent s’ajouter les matériels des
grandes fouilles archéologiques de cette époque ;
•
les salles dumusée sont profondément remaniées,
tant sous la Restauration (musée Charles-X) que
sous le Second Empire, avec la création du musée
Napoléon-III ; les répartitions de collections qui se
succèdent à travers les différents musées créés au
Palais impactent profondément toutes les étapes
du développement futur du musée ;
•
dès cette époque apparaissent des « réserves » : si
les musées du 19
e
siècle, en particulier musées de
sciences naturelles, d’ethnologie et d’archéologie,
sont conçus autour de leurs collections et dans une
logique de présentation exhaustive de toutes leurs
œuvres, afin de favoriser les comparaisons et les
études de corpus globaux, cette idée est souvent
restée à l’état de projet et n’a jamais entièrement
été mise en œuvre au Louvre. Malgré l’existence
de galeries d’études s’inscrivant dans cette
logique, des espaces de stockage des collections
non présentées sont apparus dès cette époque. Les
travaux, fréquents, à cette période, entraînent ainsi
la réalisation de réserves provisoires de stockage ;
•
la place du Louvre dans l’archéologie, et
inversement, est essentielle à cette époque : c’est à
cette période que le rôle du Louvre dans la création
de l’archéologie s’affirme :
-
archéologie biblique à travers les différents musées
du Louvre
-
Musée égyptien
-
Musée assyrien (Paul-Émile Botta, consul à
Mossoul, 1
er
en Europe) ;
•
enfin, dans la continuité du Louvre de l’Ancien
Régime, le musée du 19
e
siècle réserve une
place importante à la commande aux artistes
contemporains : le lien entre le Palais et les
artistes de son temps, déjà très fort du temps des
Académies, se poursuit tout au long du 19
e
siècle,
et la politique d’art contemporain du 20
e
et du
21
e
siècle du Louvre s’inscrit dans cette continuité.
Les commandes du Louvre du 19
e
siècle sont les
grands décors peints du Louvre du 21
e
siècle, dont
la mise en valeur et l’explicitation, comme une
partie importante à la fois de l’histoire du Palais et
de l’histoire de l’art, sont un enjeu pour le Louvre
d’aujourd’hui.
La valorisation de l’importance du 19
e
siècle dans
tous les aspects du Louvre est un défi fondamental
pour le Louvre d’aujourd’hui et sera une priorité
des travaux à mener sur l’histoire du Louvre :
expliquer les noms que portent encore aujourd’hui
les salles (notamment en faisant apparaître ces
salles historiques dans le plan-guide), expliquer
leurs utilisations successives, expliquer le retour du
pouvoir au Louvre et aux Tuileries au 19
e
favorisera
la compréhension du lieu et de ses usages.
le louvre d’hier et d’aujourd’hui
Georges Braque , plafond
de l’antichambre Henri II