Previous Page  7 / 16 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 7 / 16 Next Page
Page Background

Ni l'identité du commanditaire, ni les circonstances dans

lesquelles

La Belle Jardinière

entra dans la collection royale ne sont

connues. Après la

Vierge du Belvédère

(Vienne) et la

Vierge au

chardonneret

(Florence), de 1505 - 1506,

La Belle Jardinière

, datée de

1507 ou de 1508, clôt, à la fin du séjour florentin de Raphaël, ses

recherches sur le motif de la

Vierge à l'Enfant avec saint Jean

inscrit

dans une composition dynamique et pyramidale au premier plan

d'un paysage.

Atmosphère bucolique

Cette atmosphère bucolique se retrouve dans deux autres madones

de Raphaël qui sont à peu près contemporaines, c'est-à-dire peintes

vers la fin du séjour florentin de l'artiste. Il s'agit de

La Madone à la

prairie

, datée de 1506, conservée au Kunsthistorisches Museum de

Vienne et de

La Madone au chardonneret

, exécutée vers 1507,

aujourd'hui aux Offices à Florence. Elles se concentrent sur le motif

de la Vierge au premier plan d'un paysage et entourée de deux

enfants dont les attitudes et les gestes s'accordent avec les siens pour

créer un groupe à la fois fluide et cohérent. Toutes trois contiennent

en outre en filigrane une préfiguration de la Passion de Jésus ; elle est

explicite dans

La Madone à la prairie

où saint Jean tend sa croix de

roseau à Jésus ou dans

La Madone au chardonneret

construite autour

de l'oiseau qui passe pour avoir le plumage taché de rouge depuis

qu'il ôta de la couronne du Christ ses épines ; dans

La Belle

Jardinière

, cette prémonition est exprimée dans l'échange des regards

entre Jésus, qui cherche à saisir sur les genoux de sa mère le livre

contenant l'annonce de son supplice, et saint Jean qui esquisse un

mouvement pour le suivre.

La période florentine

Cette volonté de peindre, avec un double souci de limpidité et de

concision, la complexité des relations dynamiques et expressives

entre les figures dans une composition pyramidale campée devant

un paysage et culminant sur une figure contemplative enveloppée de

drapés très plastiques, est caractéristique des recherches de la

peinture florentine dans la première décennie du siècle :Michel-

Ange en 1504-1507 dans le

Tondo Doni

, Léonard de Vinci à partir de

1500-1501 dans

La Vierge avec sainte Anne

, ne se consacraient pas à

un problème plastique différent. La palette claire du tableau, sa

lumière égale et idéale, la limpidité du paysage avec sa récession

calme des plans vers un horizon assez haut et l'élancement d'arbres

légers aux fûts d'une verticalité parfaite manifestent clairement

l'influence du Pérugin sous laquelle s'est formé Raphaël. En même

temps, les éléments d'architecture d'inspiration nordique, qui

forment un petit paysage urbain sur la droite, trahissent l'intérêt

porté par Raphaël jeune à la peinture flamande importée en Italie à

la fin du XV

e

siècle, celle de Memling en particulier.

La Vierge à l'Enfant avec le

petit saint Jean-Baptiste, dite

La Belle Jardinière

de Raffaello SANTI, dit RAPHAËL

Urbino, 1483 - Rome, 1520

1507–1508

Département des Peintures

Peinture italienne (INV. 602)

Collection de François I

er

 ?

H.:1,22 m. ; L.:0,80 m.

Grande Galerie

Denon, 1er étage, salle 5

Auteur:Cécile Scailliérez

7