Salles rouges
Denon, 1er étage, salle 75
Le berger Endymion, à la beauté idéale, reçoit la visite nocturne
de la déesse Diane, qui le rejoint sous la forme d'un rayon lumineux.
Son passage à travers le feuillage d'un arbre est facilité par Zéphyr.
Le jeune Girodet, élève de David, qui peint cette toile à Rome en
1791, s'écarte délibérément de David et annonce le Romantisme.
Le nu idéal est d'inspiration antique mais l'éclairage lunaire, l'effet
mystérieux et irréel, appartiennent à une sensibilité nouvelle.
Un bel endormi
Le berger Endymion, le plus beau des mortels selon la mythologie,
est endormi nu sous un platane. Junon, qu'il avait offensée, l'avait
plongé dans un sommeil profond de trente années, au cours
desquelles il conserva toutefois sa jeunesse. Diane, la déesse chaste
qui refuse l'amour, succomba à l'attrait de sa beauté idéale et vint le
retrouver chaque nuit. La déesse s'identifiant à la Lune se manifeste
ici sous la forme d'un rayon lumineux, qui caresse le visage et le torse
d'Endymion. Le passage de la Lune est facilité par Zéphyr qui
écarte les branches d'un laurier.
«Faire quelque chose de neuf »
Girodet avait
«
le désir de faire quelque chose de neuf
»
dans cette
oeuvre, comme il l'a écrit lui-même. Cet élève de David s'intéressait
à une scène des amours des dieux qui aurait pu séduire, non son
maître, mais un artiste baroque ou rococo. Cette scène n'avait rien
d'héroïque ni de moral. Endymion est un personnage de la
mythologie grecque, puis d'une fable latine, racontée par Lucien
dans le
Dialogue des dieux
. Girodet ne s'est pas inspiré de la
première, où le berger est aimé de Séléné, mais de la seconde.
Dans le tableau, la figure d'Endymion surprend par son corps au
canon allongé, presque maniériste. Sa pose rappelle celle des figures
mythologiques du Corrège ou de quelque martyre peint à l'époque
baroque. Un mélange de sensualité et de froideur s'en dégage.
Par son éclairage, la toile est également très différente des tableaux
de David et de son école. L'obscurité profonde qui baigne une
grande partie de la scène est traversée par une lumière à la curieuse
teinte bleutée. Le contour de lumière sur le corps de l'Amour illustre
la recherche du bizarre qui intéressait Girodet. Le buste
d'Endymion éclairé a un effet vaporeux évoquant Vinci ou
Le Corrège, artistes peu appréciés à l'époque, excepté par Prud'hon.
Par son étrangeté, ce tableau annonce l'art romantique.
Endymion. Effet de lune, dit
aussi Le Sommeil d'Endymion
de Anne-Louis GIRODET DE ROUSSY-
TRIOSON
Montargis, 1767 - Paris, 1824
Salons de 1793 et de 1814
Département des Peintures
Peinture française (INV. 4935)
Acquis en 1818
H.:1,98 m. ; L.:2,61 m.
Auteur:François de Vergnette
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