Salles rouges
Denon, 1er étage, salle 77
«Aucun tableau ne révèle mieux l'avenir d'un grand peintre»,
c'est ainsi que Thiers salua, en 1822, cette première oeuvre présentée
au Salon par le tout jeune Delacroix. L'artiste, par un sujet inédit
inspiré de l'
Enfer
de Dante, par la conception sombre et
profondément dramatique de la composition, par les références à
Michel-Ange et à Rubens, donnait une orientation nouvelle, bientôt
qualifiée de romantique, à la peinture.
Hardiesses nouvelles
Les classiques imitant les Grecs et les Latins ont fait leur temps.
Ils ne correspondent plus au goût nouveau. L'idée sous-tendue par
Dante et Virgile est que, à l'étranger, de grands génies ont écrit des
oeuvres où la manière de voir et de sentir diffère beaucoup de celle
des Français. Les lire, c'est exciter son esprit par des sujets nouveaux,
c'est animer son imagination par des hardiesses nouvelles.
Si nouvelles, que le tableau de Delacroix reçut un accueil mitigé :
Delécluze, disciple de David, y voyait «une vraie tartouillade».
Delacroix s'inspire de l'écriture visionnaire du poète italien, afin de
mettre en scène un tableau d'une force et d'un romantisme évidents.
Vers l'Enfer
Bien qu'inspirée de la tradition mythologique, l'oeuvre montre le
poète italien Dante Alighieri (1265-1321). Dante raconte dans sa
Divine Comédie
(1306-1321) la visite qu'il aurait accomplie dans
l'enfer, guidé par Virgile.
La Divine Comédie
est divisée en trois
parties : l'enfer, le purgatoire, le paradis, et c'est en enfer que Dante
effectue ce voyage initiatique avec le poète antique, traversant les
neuf cercles et rencontrant Béatrice, qui le conduira au paradis.
Ici, Dante et Virgile, conduits par Plégias, franchissent le lac qui
entoure la cité infernale de Dité et dans lequel se tordent des
damnés. Ces derniers tentent de s'échapper de l'enfer en s'accrochant
à la barque.
Dante et Virgile aux enfers, dit
aussi La Barque de Dante
de Eugène DELACROIX
Charenton-Saint-Maurice, 1798 -
Paris, 1863
Salon de 1822
Département des Peintures
Peinture française (INV. 3820)
Acquis au Salon de 1822
H.:1,89 m. ; L.:2,41 m.
Auteur :Vincent Pomarède
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