Previous Page  8 / 16 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 8 / 16 Next Page
Page Background

Ce

Saint Michel terrassant le démon

a peut-être peint pour le duc

d'Urbino, Guidobaldo da Montefeltre, vers 1503 - 1505, en même

temps que le

Saint Georges luttant avec le dragon

(INV. 609) auquel il

est toujours resté associé.

De l'Apocalypse à La Divine Comédie

Le combat de l'archange saint Michel contre le dragon, figure

allégorique du mal, est évoqué dans l'

Apocalypse

de Saint Jean : à

l'issue de la lutte de l'archange contre les anges rebelles, le dragon est

terrassé et précipité sur la terre. Dans ce cas précis, la représentation

traditionnelle est enrichie de scènes annexes inspirées de

L'Enfer

de

La Divine Comédie

où Dante évoque le châtiment des hypocrites et

des voleurs. Les uns sont figurés, ici à gauche, drapés de chapes de

plomb doré, sortant de terre et marchant en procession devant la

ville de la colère embrasée ; les autres, à droite, sont nus et livrés à

des serpents et à des oiseaux noirs.

Un texte apprécié à la cour d'Urbino

Ce texte de Dante était très apprécié à la cour d'Urbino et le duc

Guidobaldo da Montefeltre, à moins que ce ne soit sa soeur

Giovanna Feltria della Rovere désireuse de célébrer la réception de

son fils Francesco Maria della Rovere dans l'ordre de Saint-Michel

en 1503, pourraient être à l'origine de la commande de ce tableau.

Il forme une paire avec un

Saint Georges

, présent aussi au musée

du Louvre, dont une autre version d'esprit très voisin, se rattache

clairement au mécénat du duc d'Urbino. Les couleurs du bouclier de

saint Michel, orné d'une croix rouge sur fond blanc, allusion à la

croix de saint Michel, chevalier du Christ, n'ont pu être mises en

relation avec aucune destination précise.

Une forte influence nordique

L'oeuvre est caractéristique d'une série de tableaux de très petits

formats peints par Raphaël dans les années 1503-1505. Raphaël se

partageait, alors, entre Pérouse et Urbino. Le souvenir du Pérugin,

sensible ici dans la figure grêle et dansante de saint Michel, se

conjugue avec une forte influence de la peinture nordique, de

Memling surtout, mais aussi - et c'est l'originalité de ce tableau-de

Jérôme Bosch. Cet artiste avait très probablement séjourné à Venise

autour de 1500 et ses créatures fantasmagoriques, minuscules et

graciles, appartenant à un monde souterrain et totalement

imaginaire, ses effets de lueurs artificielles, fascinèrent les artistes y

compris les peintres italiens. Raphaël fut un des premiers à s'inspirer

de lui, comme on le voit ici dans les figures infernales combattues

par saint Michel et dans le paysage.

Saint Michel terrassant le

démon, dit le Petit Saint

Michel

de Raffaello SANTI, dit RAPHAËL

Urbino, 1483 - Rome, 1520

Vers 1503–1505

Département des Peintures

Peinture italienne (INV. 608)

Collection de Louis XIV (acquis en 1661)

H.:0,30 m. ; L.:0,26 m.

Grande Galerie

Denon, 1er étage, salle 5

Auteur:Cécile Scailliérez

8