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L’action internationale dumusée, traditionnellement
liée aux pays dit «sources» d’où proviennent les
collections, s’est aujourd’hui intensifiée et diversifiée.
Quatre logiques peuvent ainsi être identifiées, parfois
complémentaires, parfois contradictoires:
•
Une logique scientifique (liée aux collections)
L’histoire de certains départements du Louvre se
confond avec celle des découvertes archéologiques
effectuées par les Français dans les pays du Proche
et du Moyen-Orient (Égypte, Empire ottoman,
Empire persan). L’histoire des collections a ainsi
créé des liens durables avec certains des pays d’où
proviennent ces collections. Au 19
e
siècle semettent
en place des coopérations archéologiques qui se
traduisent par l’autorisation d’un certain nombre
d’explorations ou de fouilles archéologiques et par
la mise en place d’une administration patrimoniale
selon le modèle européen. La France est ainsi, par
exemple, à l’origine du service des Antiquités en
Égypte (avec l’égyptologue Mariette qui fonda en
1863 le premier musée archéologique égyptien, le
musée de Boulaq, futur musée du Caire), en Syrie,
en Tunisie et en Algérie.
Le Louvre a aussi des liens naturels avec les grands
musées, notamment en Europe et aux États-Unis
(liens matérialisés par des échanges scientifiques,
prêts d’œuvres, colloques, publications). Du fait
de l’augmentation du nombre de musées, se pose
la question des choix de coopération effectués par
le Louvre. Au-delà des grands musées partenaires
naturels et historiques du Louvre, faut-il et
peut-on imaginer des coopérations avec des
nouveaux musées et selon quels critères ?
•
Une logique diplomatique
L’action internationale menée par le Louvre
contribue grandement au rayonnement culturel de
la France. Le Louvre a souvent été considéré comme
l’un des principaux atouts de la diplomatie culturelle
de la France. Alors que la culture ou le patrimoine
sont considérés comme des facteurs d’identité, de
rayonnement et de développement économique
et touristique, le Louvre est considéré comme une
référence.
Le Louvre doit donc tenir compte des axes définis
par le ministère des Affaires étrangères et le
ministère de la Culture et de la Communication
pour la diplomatie culturelle, à savoir: l’Europe, les
BRICS, l’Amérique latine et les États-Unis. D’un
point de vue bilatéral, les priorités peuvent aussi être
dictées par le calendrier des saisons culturelles (ex.:
exposition«SainteRussie»en2010),parlaprésidence
tournante du Conseil de l’Union européenne (ex.:
exposition «Watteau» en Lituanie en 2013), ou par
les grands événements internationaux.
•
Une logique des publics
Le nombre de visiteurs étrangers au
Louvre a plus que doublé en treize ans
(2,7millions en 2001 ; 6,5millions en 2014). Ils
représentent aujourd’hui 70% de ses publics.
Parallèlement, un fort «désir de Louvre » s’est
développé dans certains pays le conduisant à tisser
des liens avec certains d’entre eux et à dépasser les
frontières définies par le périmètre des collections
du Louvre (ex. : États-Unis, Japon, Chine, Brésil).
Cette logique ne doit pas empêcher pour autant le
musée du Louvre de se porter au-devant de publics
peu représentés au Louvre ou de publics qui ont
peu de chance de venir à Paris (ex. : exposition
« Images du Louvre » dans les Caraïbes ; projets
d’itinérance de la «Galerie tactile »).
•
Une logique de mécénat
La construction des nouveaux espaces des Arts
de l’Islam a été financée pour près de la moitié par
des mécénats d’États ou d’institutions étrangères:
dans le contexte économique actuel, l’établissement
doit continuer à chercher des mécènes en dehors
de France et même de l’Europe (ex.: création des
«American Friends of the Louvre» en 2002 et du
«Cercle international des amis du Louvre » en 2008,
partenariat avec NTV au Japon).
L’action internationale
Verrière du département
des Arts de l’Islam
Architectes : Mario Bellini et
Rudy Ricciotti