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Image fameuse d’un groupe solidaire d’artistes et de poètes plaçant leur modernité sous l’égide du grand maître du romantisme récemment disparu, l’Hommage à Delacroix de Fantin- Latour (musée d’Orsay) s’impose à notre regard comme un solide portrait de syndics de l’ancienne Hollande. Mais le roman vrai de la constitution de ce portrait collectif ménage, comme tout roman de famille, quelques surprises. Certaines figures attendues manquent à l’appel, d’autres sont plus étonnantes. La figure de Delacroix elle-même est-elle si légitime pour un tel cénacle de réalistes dont Courbet aurait pu sembler le parrain, certes moins racé ?
L’admiration de la plupart pour l’œuvre de Delacroix reste indéniable, mais l’exposition explore ces compromis, les fraternités durables
et les alliances de circonstance : une histoire qui commence par une camaraderie d’atelier et de café d’artistes – la « société des trois » formée par Fantin-Latour, Legros et Whistler – et s’achève, bien après la mort de Delacroix en 1863 et l’exposition du tableau en 1864, lorsqu’en 1889 est inauguré officiellement, dans les jardins du Luxembourg, un grand monument de bronze, confié au sculpteur Jules Dalou. Fantin-Latour brosse alors une nouvelle allégorie à la gloire de Delacroix, Immortalité (musée de Cardiff), sans autre figurant cette fois qu’une femme évanescente semant des pétales de rose sur le tombeau du maître.
Commissaire de l’exposition : Christophe Leribault.
Jusqu’au 19 mars / Musée Eugène-Delacroix – 6, rue de Furstenberg, 75006 Paris
Fantin-Latour, Manet, Baudelaire L’Hommage à Delacroix
Henri Fantin-Latour, Hommage à Delacroix, Paris, musée d’Orsay
— Cette exposition bénéficie de prêts exceptionnels du musée d’Orsay.
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