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régions d’Europe du Nord ou de la mer Noire.

La rareté des objets pour certaines périodes

ou aires géographiques, notamment pour les

périodes de la haute Antiquité (Ancien Empire

pour le département des Antiquités égyptiennes

notamment), est également une cause importante

des lacunes des collections archéologiques ;

pour les départements modernes, toutes

les collections qui ne sont pas les points forts

de l’histoire de la constitution des collections

françaises peuvent être considérées comme des

lacunes, et notamment lorsque les collections ne

correspondent pas du tout au niveau de qualité soit

des autres pans de collections, soit des collections

de musées comparables au Louvre à l’étranger.

C’est le cas de manière générale pour les arts

issus d’autres écoles que françaises, italiennes,

hollandaises et flamandes, soit les collections d’art

d’Europe du Nord, d’Allemagne, de la péninsule

Ibérique et d’art anglais dans une moindre mesure.

C’est en fait la vocation européenne des collections

modernes du Louvre qui est limitée par l’histoire

des collections.

Enfin, les collections d’histoire du Louvre sont

lacunaires, notamment en ce qui concerne

les fouilles du Louvre et les documents

iconographiques.

Trouver un équilibre entre chacun

des départements comme avec le musée

Delacroix

Cet équilibre est un enjeu important pour

poursuivre une politique d’acquisition dans la

lignée de l’histoire du Louvre comme musée

encyclopédique. Toutefois, les limites financières

de l’établissement ne permettent pas d’acquérir en

permanence dans tous les domaines et nécessitent

d’établir des priorités. Le rôle du collège et de

la commission d’acquisition est de définir ces

priorités, qui peuvent parfois être guidées par des

opportunités, voire nécessiter des sacrifices.

La question de la transversalité de certaines

acquisitions doit également être prise en compte :

il s’agit parfois d’acquérir une œuvre dans

une technique ou une période parce qu’elle

est en relation avec des collections d’un autre

département.

L’acquisition de trésors nationaux et

œuvres reconnues d’intérêt patrimonial

majeur au cœur de la politique du Louvre

La place particulière du Louvre, l’ampleur de ses

collections et sa responsabilité de musée national

font de l’acquisition de trésors nationaux et œuvres

d’intérêt patrimonial majeur (OIPM) l’une de

ses missions, et l’un des axes forts de sa politique

d’acquisition. Au-delà du dispositif fiscal que

permet la loi française, il s’agit en effet pour l’État,

dans la mesure des possibilités, de faire entrer dans

les collections nationales des œuvres majeures,

qui deviennent ainsi patrimoine commun et

peuvent être présentées au public. À l’exemple

de l’acquisition de

La Fuite en Égypte

de Nicolas

Poussin, trésor national classé en 2004, acquis pour

le musée des Beaux-Arts de Lyon avec le soutien

du Louvre et transféré de l’État à la Ville de Lyon

en 2013, cette politique peut aussi bénéficier aux

collections des musées de France.

C’est donc un enjeu essentiel pour le ministère

chargé de la Culture et pour le Louvre : l’État

a ainsi acquis en faveur du Louvre 26 trésors

nationaux et OIPM entre 2004 et 2014.

Les trésors nationaux sont définis à l’article L111-1

du code du patrimoine, issu de la loi n° 92-1477

du 31 décembre 1992 et récemment modifié par

la loi n° 2015-195 du 20 février 2015. Cet article

intègre parmi les trésors nationaux :

«Les autres

biens présentant un intérêt majeur pour le patrimoine

national au point de vue de l’histoire, de l’art ou de

l’archéologie »

, partie de la définition qui vise en

particulier les biens culturels qui font l’objet d’un

refus de certificat d’exportation. Cette mesure

d’interdiction de sortie, prononcée par un arrêté

du ministre chargé de la Culture, après avis de la

commission consultative des trésors nationaux,

leur confère, en effet, le statut de trésor national

pour une durée de 30mois, pendant laquelle il

revient à l’État d’essayer de les acquérir pour que

leur appartenance à cette catégorie des trésors

nationaux devienne permanente.

Pour aider l’État à les faire entrer dans les

collections publiques, le législateur a introduit

dans la loi relative aux musées de France de 2002

un dispositif fiscal dédié à l’acquisition de ces

trésors nationaux, prévu à l’article 238 bis O-A du

code général des impôts :

«Les entreprises imposées à l’impôt sur les sociétés

d’après leur bénéfice réel peuvent bénéficier d’une

réduction d’impôt égale à

90

%des versements effectués

en faveur de l’achat de biens culturels présentant le

caractère de trésors nationaux ayant fait l’objet d’un

refus de délivrance d’un certificat d’exportation par

l’autorité administrative, dans les conditions prévues

à l’article L

111

-

4

du code du patrimoine et pour

lesquels l’État a fait au propriétaire du bien une

offre d’achat dans les conditions prévues par l’article

L

121

-

1

du même code. »