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Enrichir, conserver, montrer
Une très belle croix processionnelle en
argent, acceptée par l’État en dation, a
étoffé les collections d’orfèvrerie de la fin du
Moyen Âge particulièrement faibles pour la
période charnière entre art gothique et art
de la Renaissance.
Les collections de la Renaissance ont de
leur côté bénéficié de plusieurs enrichisse-
ments exceptionnels, dont quatre pour le
seul 16
e
siècle français : un grand cabinet
sculpté des années 1580 attribuable à Hugues
Sambin et provenant de l’ancienne collection
Frédéric Spitzer (1815-1890), offert par la
Société des Amis du Louvre ; une coupe en
argent godronnée au poinçon parisien des
années 1538-1539, acceptée par l’État en
dation ; un beau plat en céramique d’Avon
ou d’Auge que distinguent son décor imité
des modèles orfévrés et sa couleur jaune,
acquis en vente publique grâce au don de M.
Philippe Champy par l’intermédiaire de la
Fondation La Marck, ainsi qu’une grande
plaque en émail peint de Limoges repré-
sentant la Dialectique attribuée à Jean II
Pénicaud vers 1540-1550, acquise en vente
publique sur les arrérages du legs Dol-Lair.
Enfin, une coupe de Faenza à décor blanc et
bleu de l’atelier de Francesco Mezzarisa dit
«Risino» vers 1550-1560 – un type de pro-
duction de l’Italie de la Renaissance absent des
collections – a pu être acquise sur les arrérages
du legs Victor Pavie.
Une précieuse petite table en marqueterie
d’étain et de cuivre attribuée à l’ébéniste
Pierre Gole (vers 1620-1684), acceptée en
dation par l’État, a comblé une lacune pour
les débuts de l’ébénisterie parisienne sous
Louis XIV, tandis qu’un grand bassin en
faïence deNevers des années 1660-1680 offert
par M. Jean-Claude Marié, et un second
grand bassin d’apparat en faïence de Nevers,
également des années 1660-1680 et offert sous
réserve d’usufruit par un donateur anonyme
enmémoire de sa grand-mère, Odile Flamant
née Fiquet, ont pallié le manque de grands
Nevers à décors de chinois.
Une statuette de saint Jean Népomucène
offerte par M. Guy Ladrière a enrichi
de manière significative la collection des
ivoires modernes. L’œuvre est caractéris-
tique des ateliers au style expressif du centre
de l’Europe, en particulier de Bohême ou
d’Allemagne du Sud. Elle a été conçue dans
l’esprit des créations du sculpteur Simon
Troger (1683-1768) et exécutée à la suite
de la béatification et de la canonisation du
saint en 1721 et 1729.
Enfin, pour le 19
e
siècle, la pendule en tôle
vernie et bronze doré dite « de Denderah »
offerte sous réserve d’usufruit par Mme
Madeleine Ariès, créée par les bronziers et
horlogers parisiens sous le Premier Empire
sur le modèle du temple de Dendérah
relevé par Vivant Denon et gravé dans la
Description de l’Égypte
, constitue un enri-
chissement remarquable, de même que
la toilette signée de Biennais acquise en
vente publique grâce M. Philippe Champy
par l’intermédiaire de la Fondation La
Marck. Cette toilette, un chef-d’œuvre de
tabletterie qui fait écho à la célèbre athé-
nienne de Napoléon, donne aussi un sens
nouveau à quatre « toilettes portatives » de
Biennais, malheureusement dépourvues
de la table où ces dernières devaient sans
doute s’insérer.
L’année 2016 a également bénéficié de la
délivrance du legs exceptionnel consenti
en 1993 par Fernando Montes de Oca
(1923-2013), ancien diplomate et spécia-
liste reconnu de la verrerie française de la
première moitié du 19
e
siècle, d’un impres-
sionnant ensemble de plus de 300 pièces
de verrerie française de l’Empire et de la
Restauration, une production jusqu’alors
presque totalement absente des collections
du musée. Par ce legs, dont bénéficiera
aussi le musée des Arts décoratifs grâce
au dépôt de plusieurs pièces, Fernando
Montes de Oca a offert d’un coup au
Louvre une collection de référence et une
des plus complètes qui soient.
13
acquisitions
et
1
legs
exceptionnel.