Accueillir les publics en apprentissage du français - page 10

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PRÉAMBULE
En dehors de la conquête d’un large public et de sa fidélisation, beaucoup de musées ont mis en
place, de façon très volontariste, des actions de médiation originales en direction du non-pu-
blic. C’est-à-dire en direction de ceux qui sont habituellement exclus de la culture et qui ne se
rendent jamais dans les musées et leurs expositions. Non pas que de parvenir à attirer des petits
groupes d’exclus leur permette d’améliorer leurs statistiques de fréquentation. Mais parce qu’ils
estiment – à juste titre – que c’est l’une de leurs missions. Et même une mission essentielle.
Que proposer à ces publics comme activité de médiation ? Plusieurs opportunités existent. Mais
parmi celles-ci, les formations linguistiques occupent une place de choix notamment pour les
fractions des non-publics qui ne maîtrisent, ni la langue parlée, ni la lecture-écriture de la langue
française. Certes, ni le goût, ni la délectation ne sont réputés exiger la maîtrise de la langue.
Mais cette affirmation repose sur une méconnaissance des difficultés qu’éprouvent ces publics.
Pour la plupart de ceux qui ont acquis, dès l’enfance, la maîtrise de la langue, qu’elle soit par-
lée, lue ou écrite, cette priorité peut paraître non fondée et régressive. Pourtant, il suffit de se
rappeler comment, lors d’un voyage à l’étranger, dans un pays dont on ne connaît ni la langue
ni les façons de faire, chacun de nous se sent déboussolé et désarmé pour comprendre ce
qu’éprouvent ces publics quand on les invite à se rendre dans un musée.
Communiquer, partager avec les autres, entendre le discours de médiation, lire et utiliser la
documentation écrite ou les textes affichés sur les cimaises est un élément clef de l’activité de
reconnaissance dans les expositions et les musées. La maîtrise de la langue du pays est un acte
fondateur de l’acculturation. Et à plus forte raison quand, pour des raisons diverses, le sujet
est dans l’incapacité d’y parvenir. Le détour par une formation visant à assurer la maîtrise de la
langue est comme le prendre par la main pour lui donner les moyens de parvenir à s’approprier
et, au-delà, à devenir (ou redevenir) autonome.
Ce type de médiation est paradoxal. Alors qu’il s’assigne des objectifs en apparence modestes
et élémentaires, il exige une technicité élevée. Médiateurs de musée et formateurs en appren-
tissage du français langue maternelle ou du français langue étrangère doivent s’associer et
coopérer. Et ceci pour repérer et diagnostiquer la spécificité des troubles psycholinguistiques.
Ne pas comprendre ce que l’on vous dit, ou que l’on lit, est un symptôme dont les causes sont
diverses. Analphabètes, illettrés ou primo-arrivants qui maîtrisent une autre langue que le fran-
çais n’éprouvent pas les mêmes difficultés. Pas plus qu’ils ne relèvent des mêmes propositions
pédagogiques.
ÉDUCATION NON FORMELLE
ET PUBLICS DU CHAMP SOCIAL
PRÉAMBULE
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