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128

Q

uelle meilleure gestion des

recouvrements géographiques

?

Certaines aires géographiques sont partagées

entre plusieurs musées nationaux ; comme pour les

« recoupements historiques », cela peut impacter

des politiques aussi essentielles que les politiques

d’acquisition et d’expositions. Plusieurs pistes

peuvent être proposées.

Avec le musée d’Archéologie nationale et

Domaine national de Saint-Germain-en-Laye

(man)

La nature des recoupements avec le MAN

est particulière car elle relève réellement de

la séparation de collections pour des raisons

géographiques qui, si elles ont pu être pertinentes

à un moment de l’histoire de la science

archéologique, ont évolué. Un travail approfondi

devra être mené dans le cadre de la réflexion

menée sur le musée de Saint-Germain-en-Laye,

afin de clarifier certaines zones de partage et de

définir des axes de collaboration entre le Louvre

et le MAN.

Le travail scientifique commun devra notamment

porter sur deux points :

l’archéologie comparée, qui pose aujourd’hui

certaines questions de politiques d’acquisition

puisque dans la majorité des cas le Louvre a le

rôle de grand département sur certaines de ces

civilisations. Si cette section a toute sa part dans

l’histoire du musée d’Archéologie nationale

et qu’elle doit dans ce cadre être conservée,

l’obsolescence scientifique de la discipline en tant

que telle pourrait remettre en cause la présentation

actuelle. Les collections ibériques (dépôts récents

du département des Antiquités orientales),

notamment, pourraient revenir au Louvre où elles

auraient scientifiquement plus leur place ;

le monde gallo-romain nécessiterait une

réflexion approfondie entre les deux musées.

L’enjeu de cette réflexion dépasse d’ailleurs les

liens entre ces deux musées nationaux car elle

rejoint celle du renforcement d’un réseau national

dans le domaine, avec des collections très riches et

qui pourraient faire l’objet de nombreux projets

en réseau ;

la préhistoire et la protohistoire de l’Égypte, du

Proche-Orient, de la Grèce et de l’Italie nécessitent

également des rapprochements entre les deux

musées à l’image de l’exposition «La Grèce des

origines » organisée en 2014-2015 ;

lesmaquettes d’architecture, initialement réunies

pour un éphémère «musée d’architecture » au

Louvre en 1796, pourraient également trouver

aujourd’hui leur place au Louvre.

Les arts de l’Islam

Les collections du monde islamisé concernent

plusieurs musées nationaux et pourraient faire

l’objet de réflexions transversales plus approfondies

afin de mieux définir les attributions de chacun.

Les recoupements concernent notamment

l’Asie islamisée et l’Asie centrale avec le musée

Guimet, l’Afrique du Nord et le Proche-Orient

avec le Quai Branly et le MuCEM, mais aussi les

collections d’arts décoratifs (textiles, céramiques

par exemple) qui, souvent, conservent des objets

islamiques. Pour le département des Arts de

l’Islam, il est nécessaire de travailler en étroite

collaboration avec les institutions patrimoniales

nationales (Cluny, Écouen, Sèvres, Guimet,

MuCEM, Quai Branly, Bibliothèque nationale de

France, département des Manuscrits orientaux,

musée de l’Armée) qui présentent des collections

complémentaires de certains fonds du Louvre ou

avec un autre regard (plus anthropologique par

exemple au MuCEM et au Quai Branly). L’accord

finalement trouvé entre le musée Guimet et le

Louvre en 2012 sur la présence conjointe des

collections mogholes dans les cultures asiatiques

de Guimet et dans le monde islamique du Louvre

(dépôt d’une cinquantaine de miniatures du

fonds Napoléon du Louvre à Guimet) peut aussi

ouvrir à des collaborations plus étroites en terme

d’études et d’expositions. On imagine même, avec

cette institution, des expositions plus larges que

la simple valorisation des collections, portant sur

des grands thèmes historiques encore peu étudiés

et quasiment jamais présentés au public sur les

échanges culturels entre les Arabes et les Chinois.

Le monde méditerranéen

La Méditerranée est également du ressort de

plusieurs musées nationaux (MuCEM) : les liens

avec le MuCEM existent, et doivent être renforcés.

Toutefois, une clarification du périmètre de

ce nouveau musée national serait utile, et des

réflexions pourraient être menées conjointement

entre les deux musées en ce sens. Outre la question

des arts de l’Islam, qui n’est pas forcément

complexe car le positionnement du MuCEM est

très contemporain et anthropologique, celle de la

Méditerranée historique se pose et doit faire l’objet

d’une répartition scientifique entre le Louvre et le

MuCEM ; la collaboration autour de l’exposition

«Volubilis » présentée en 2014 au MuCEM et

les dépôts des Antiquités grecques, étrusques

et romaines au MuCEM sont de bons points de

départ.