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Q
uelle meilleure gestion des
recouvrements géographiques
?
Certaines aires géographiques sont partagées
entre plusieurs musées nationaux ; comme pour les
« recoupements historiques », cela peut impacter
des politiques aussi essentielles que les politiques
d’acquisition et d’expositions. Plusieurs pistes
peuvent être proposées.
Avec le musée d’Archéologie nationale et
Domaine national de Saint-Germain-en-Laye
(man)
La nature des recoupements avec le MAN
est particulière car elle relève réellement de
la séparation de collections pour des raisons
géographiques qui, si elles ont pu être pertinentes
à un moment de l’histoire de la science
archéologique, ont évolué. Un travail approfondi
devra être mené dans le cadre de la réflexion
menée sur le musée de Saint-Germain-en-Laye,
afin de clarifier certaines zones de partage et de
définir des axes de collaboration entre le Louvre
et le MAN.
Le travail scientifique commun devra notamment
porter sur deux points :
•
l’archéologie comparée, qui pose aujourd’hui
certaines questions de politiques d’acquisition
puisque dans la majorité des cas le Louvre a le
rôle de grand département sur certaines de ces
civilisations. Si cette section a toute sa part dans
l’histoire du musée d’Archéologie nationale
et qu’elle doit dans ce cadre être conservée,
l’obsolescence scientifique de la discipline en tant
que telle pourrait remettre en cause la présentation
actuelle. Les collections ibériques (dépôts récents
du département des Antiquités orientales),
notamment, pourraient revenir au Louvre où elles
auraient scientifiquement plus leur place ;
•
le monde gallo-romain nécessiterait une
réflexion approfondie entre les deux musées.
L’enjeu de cette réflexion dépasse d’ailleurs les
liens entre ces deux musées nationaux car elle
rejoint celle du renforcement d’un réseau national
dans le domaine, avec des collections très riches et
qui pourraient faire l’objet de nombreux projets
en réseau ;
•
la préhistoire et la protohistoire de l’Égypte, du
Proche-Orient, de la Grèce et de l’Italie nécessitent
également des rapprochements entre les deux
musées à l’image de l’exposition «La Grèce des
origines » organisée en 2014-2015 ;
•
lesmaquettes d’architecture, initialement réunies
pour un éphémère «musée d’architecture » au
Louvre en 1796, pourraient également trouver
aujourd’hui leur place au Louvre.
Les arts de l’Islam
Les collections du monde islamisé concernent
plusieurs musées nationaux et pourraient faire
l’objet de réflexions transversales plus approfondies
afin de mieux définir les attributions de chacun.
Les recoupements concernent notamment
l’Asie islamisée et l’Asie centrale avec le musée
Guimet, l’Afrique du Nord et le Proche-Orient
avec le Quai Branly et le MuCEM, mais aussi les
collections d’arts décoratifs (textiles, céramiques
par exemple) qui, souvent, conservent des objets
islamiques. Pour le département des Arts de
l’Islam, il est nécessaire de travailler en étroite
collaboration avec les institutions patrimoniales
nationales (Cluny, Écouen, Sèvres, Guimet,
MuCEM, Quai Branly, Bibliothèque nationale de
France, département des Manuscrits orientaux,
musée de l’Armée) qui présentent des collections
complémentaires de certains fonds du Louvre ou
avec un autre regard (plus anthropologique par
exemple au MuCEM et au Quai Branly). L’accord
finalement trouvé entre le musée Guimet et le
Louvre en 2012 sur la présence conjointe des
collections mogholes dans les cultures asiatiques
de Guimet et dans le monde islamique du Louvre
(dépôt d’une cinquantaine de miniatures du
fonds Napoléon du Louvre à Guimet) peut aussi
ouvrir à des collaborations plus étroites en terme
d’études et d’expositions. On imagine même, avec
cette institution, des expositions plus larges que
la simple valorisation des collections, portant sur
des grands thèmes historiques encore peu étudiés
et quasiment jamais présentés au public sur les
échanges culturels entre les Arabes et les Chinois.
Le monde méditerranéen
La Méditerranée est également du ressort de
plusieurs musées nationaux (MuCEM) : les liens
avec le MuCEM existent, et doivent être renforcés.
Toutefois, une clarification du périmètre de
ce nouveau musée national serait utile, et des
réflexions pourraient être menées conjointement
entre les deux musées en ce sens. Outre la question
des arts de l’Islam, qui n’est pas forcément
complexe car le positionnement du MuCEM est
très contemporain et anthropologique, celle de la
Méditerranée historique se pose et doit faire l’objet
d’une répartition scientifique entre le Louvre et le
MuCEM ; la collaboration autour de l’exposition
«Volubilis » présentée en 2014 au MuCEM et
les dépôts des Antiquités grecques, étrusques
et romaines au MuCEM sont de bons points de
départ.