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Le Louvre au service de la nation
vocation à assurer une tutelle scientifique pleine
et entière sur ces collections. La réflexion sur le
«décroisement » des inventaires est entamée dans
ce cadre.
L’Orangerie dans les Tuileries
Le Louvre et le musée d’Orsay ont par ailleurs un
lien de nature domaniale à travers l’Orangerie,
située aux Tuileries, qui fait du rapprochement
avec Orsay, auquel le musée de l’Orangerie est
rattaché depuis 2001, une priorité d’autant plus
importante.
Versailles
L’histoire commune du Louvre et de Versailles
constitue en soi un sujet de recherche et d’histoire
des musées et des collections, et ne peut être
abordée ici que succinctement. L’objectif devra
être de faire coïncider les deux projets sans
remettre en cause les logiques des collections.
Les deux établissements sont liés par leurs
collections, que l’on peut qualifier de «partagées »
à de nombreux égards. Notamment, la question
des dépôts du Louvre à Versailles et des œuvres,
actuellement au Louvre et ayant pu être présentées
à Versailles à un moment de son histoire, est
un enjeu important pour les années à venir,
notamment dans le cadre des suites à donner au
récolement des collections nationales. Il s’agit, pour
ainsi dire, de définir une « ligne de partage » qui
convienne aux visiteurs d’abord, comme aux deux
établissements, même si les lignes de partage sont
très variables selon les cas (notamment différentes
entre les sculptures et les peintures en raison de
l’histoire des collections). La question se pose
particulièrement pour l’histoire du 19
e
siècle et le
Versailles de Louis-Philippe, notamment pour le
cas particulier du musée de l’Histoire de France
(«À toutes les gloires de France » inauguré en
1837, et qui concerne les peintures d’histoire). De
fait, beaucoup d’œuvres de Versailles sont inscrites
sur les inventaires du Louvre ; elles n’ont pas pour
autant vocation à revenir au Louvre (qu’on pense
par exemple au cas extrême du décor de la galerie
des Glaces, inscrit sur les inventaires du Louvre).
Inversement, l’ensemble des œuvres aujourd’hui
au Louvre et liées à l’histoire de Versailles n’ont
pas vocation à y retourner.
La complexité des liens entre le Louvre et
Versailles tient à plusieurs aspects de l’histoire des
deux institutions : au fait que les inventaires «du
Louvre » aient été longtemps les seuls inventaires
nationaux ; à lacréationdedépartementsduLouvre
au 19
e
siècle en parallèle de l’histoire des musées
de Versailles, et selon des logiques politiques
différentes (le département des Sculptures, par
exemple, créé en 1871 au Louvre, notamment
en récupérant une partie des sculptures placées à
Versailles)…
Pour arriver à une situation stabilisée entre les
deux institutions, le Louvre et Versailles peuvent
s’appuyer sur plusieurs logiques :
•
ne pas rompre des ensembles de collections
qui font sens en les affectant à l’un ou l’autre : les
solutions devront porter sur des ensembles afin
d’éviter de reproduire certains précédents qui ont
séparé des ensembles de collections ;
•
respecter l’histoire des deux lieux et ne pas les
faire entrer en concurrence ;
•
favoriser la reconstitution des états historiques
souhaitée par Versailles sans rompre des
ensembles ;
•
définir des charnières admises communément
pour définir ce qui relève de l’un ou de l’autre :
par exemple, autour de la Révolution, qui est au
cœur de l’histoire du Louvre et de ses collections
puisqu’elle crée le Louvre comme musée, et au
cœur de l’histoire qui s’est jouée à Versailles
mais avec un moindre impact sur la vocation
scientifique de l’établissement, par nature ; ou
autour des collections qui ont circulé au 20
e
siècle,
sont toutes des dépôts et doivent le rester ;
•
traiter à part la question du parc qui impacte
surtout les collections de sculptures et moulages :
selon l’état du parc qui sera souhaité, certaines
œuvres du Louvre ou leur moulage pourraient
être amenés à rejoindre Versailles et inversement
(selon l’état de conservation des œuvres).
Le règlement de ces questions particulièrement
complexes ne peut passer que par des analyses
fines au cas par cas entre les conservations, qui
prennent en compte les histoires croisées des
départements du Louvre et des différents états de
Versailles. Des discussions vont s’ouvrir entre les
deux institutions, dans le cadre notamment de la
fin du récolement de leurs dépôts croisés.
Outre ces problématiques de collections
particulièrement complexes, les collaborations de
programmation avec Versailles pourraient être
renforcées sur certains champs qui concernent
les deux établissements ; l’exemple de l’année Le
Nôtre pourrait être à reproduire.
Enfin, de même qu’avec Orsay, le Louvre et
Versailles entretiennent des relations domaniales
puisque la gypsothèque du Louvre est conservée
à la Petite Écurie de Versailles. Depuis 2014, à
l’initiative du Château et en lien avec le Louvre,
elle est ouverte au public et participe d’une
collaboration renforcée entre les deux musées.