Idole ou « Ancêtre de pierre » (kamennaia baba)
Saint-Pétersbourg, Musée de l’Ermitage, inv. ГЭ 2028/1
Les Rous entrent dans l’Histoire au IXe siècle. Les premières mentions désignent un peuple païen de marchands et de guerriers, sujets d’un khagan, probablement d’origine scandinave. Ils partagent avec les Slaves de vastes territoires situés à l’est de l’Europe, entre mer Baltique, mer Noire et mer Caspienne, sillonnés du nord au sud par la route « des Varègues aux Grecs ».
En 839, les Annales de Saint-Bertin signalent des Rhôs qui accompagnent une ambassade de Byzance auprès de l’empereur Louis le Pieux à Ingelheim, près de Mayence. Vers 860, le patriarche Photios, à Constantinople, rend compte de leurs récentes incursions sur la capitale byzantine et évoque l’espoir de leur conversion. Au début du Xe siècle, le voyageur arabe Ibn Fadlān, venu de Bagdad, décrit les mœurs de ceux qui habitent le sud du bassin de la Volga. Les fouilles témoignent de l’existence de structures urbaines embryonnaires, dès le VIIIe siècle, sur la Volga, le long du Dniepr et autour du lac Ladoga. Monnaies et objets révèlent l’envergure des échanges commerciaux sur ces grands axes.
Les liens que la Rous’ a tissés avec le monde méditerranéen ont ouvert la voie à la conversion. Le Récit des temps passés, la plus ancienne chronique russe conservée, mentionne dès 944 la présence de chrétiens à Kiev. Peu après, en 946 ou en 957, la princesse Olga de Kiev se rend à Constantinople où elle reçoit le baptême et fait don d’une patène à l’église Sainte-Sophie. Toutefois, la conversion d’Olga est encore une initiative personnelle et la Rous’ demeure largement païenne.
Le christianisme s’y introduit définitivement en 988, lorsque le prince Vladimir se convertit et s’allie à la famille impériale de Constantinople. Le baptême de Vladimir, à Cherson en Crimée, est suivi de la conversion de tout le peuple, baptisé dans le Dniepr. La Rous’ a choisi le modèle religieux et politique de l’Empire byzantin. Aussitôt, Vladimir entreprend à Kiev la construction du premier édifice chrétien : l’église de la Dîme (Dessiatinnaïa) à laquelle il accorde le dixième de ses revenus.