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Le temps des troubles (1598-1613)

La mort sans enfant du tsar Feodor, en 1598, dernier fils d’Ivan le Terrible, marque la fin de la dynastie des Riourikides et ouvre le « Temps des troubles ». Boris Godounov, son beau-frère, lui succède (1598-1605). Un doute subsiste toutefois sur sa légitimité, amplifié par une conjoncture difficile et les intrigues, qu’un éclatant mécénat tente d’effacer. Le bruit court également que Boris a fait assassiner, en 1591, le jeune prince Dimitri, dernier frère de Feodor. En octobre 1604, un personnage énigmatique venu de Pologne prétend être Dimitri et rallie à sa cause les mécontents. Il entre dans Moscou en juin 1605. Sa religion est suspecte. Mieux même, il épouse le 8 mai 1606 la fille de son principal protecteur, Marina Mniszech, demeurée secrètement catholique. Il est assassiné à la faveur d’un complot ourdi par le clan Chouïski. Basile Chouïski se fait proclamer tsar mais ne parvient pas à s’imposer à l’ensemble du pays et les Polonais occupent Moscou jusqu’en octobre 1612. Un sursaut national libère le pays et Michel Ier Romanov est élu tsar, en février 1613.

 

 

 

 

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Oklad de l'icône de la Trinité d’André Roublev

Cet oklad (revêtement en métal précieux d’une icône) a été réalisé pour la célèbre icône de la Trinité peinte par André Roublev. Il recouvrait entièrement la peinture à l’exception des visages, des mains et des pieds des anges et a été plusieurs fois remanié : les éléments les plus anciens (cadre, fond, plaquettes figurées et cabochons de pierres précieuses) ont été offerts par le tsar Boris Godounov en 1599-1600 ; au cou de l’ange du centre est suspendue une chaîne avec une panaghia d’or, offerte par le tsarévitch Feodor, enrichie de perles et de pierres précieuses enserrant un camée byzantin de saphirine avec le Christ Pantocrator, en remploi, attribuable au Xe ou XIe siècle ; les trois colliers en forme de croissant de lune (tsaty) attachés aux nimbes ont été ajoutés par le tsar Michel Ier Romanov en 1626 ; le revêtement de lames d’argent doré travaillées au repoussé (riza) a été exécuté en 1754 aux frais du monastère par un orfèvre de Moscou, Ivan Grigoriev.
Moscou, ateliers du Kremlin, 1599-1600, 1626 et Moscou, 1754 ; or, argent doré, filigranes, nielle, émail, perles et pierres précieuses : 31 diamants, 74 émeraudes, 7 rubis, 44 saphirs, 2 rubellites, 86 spinelles, auxquelles s’ajoutent grenats, saphirines, quartz, et chrysoprases ; H. : 1,40 m ; l. : 1,15 m ; prov. : offert par Boris Godounov en 1599-1600 à l’église de la Trinité-Saint-Serge pour l’icône de la Trinité d’André Roublev Serguiev-Possad, Musée d’Etat d’art et d’histoire, inv. 394-ихо
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Médaille du faux Dimitri

Le 13 octobre 1604, un personnage énigmatique venant de Pologne franchit avec une petite armée la frontière russe. Il prétend être Dimitri, demi-frère du tsar Fedor, dernier fils d’Ivan le Terrible, mort en 1591 dans des circonstances mystérieuses. La période de troubles qui suit la mort du tsar Fedor fait de l’aventurier l’homme de la situation. Il monte sur le trône, se fait appeler caesar et imperator mais ne tarde pas à soulever le doute dans les consciences : sa religion est suspecte. Il sera finalement assassiné suite à un complot le 17 mai 1606. Sur cette médaille côté face, Dimitri est présenté à mi-corps, portant la couronne impériale fermée et tenant un sceptre et l’orbe ;
vêtu d’une cuirasse, il porte deux colliers d’ordre impossibles à identifier. Au revers, l’aigle à deux têtes des armoiries de la Russie porte sur la poitrine un saint Georges terrassant le dragon ; une couronne impériale fermée est placée au dessus des aigles.
Moscou ( ?), 1606 ; unicum ; argent ; D. : 3,9 cm ; poids : 32,96 g ; prov. : ancienne collection du numismate Carl F. Chroll (1795-1871) Saint-Pétersbourg, Musée de l’Ermitage, département de Numismatique, inv. ОН-Р-1 / 3126-n°15040
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Icône : Basile le Bienheureux

Le type de dévotion des fols en Christ (yourodivi) auquel appartient Basile le Bienheureux (1469-1552) repose sur une forme d’ascèse et de vie spirituelle individuelle qui met en pratique les leçons de la première épitre de Paul : « si quelqu'un parmi vous pense être sage selon ce siècle, qu'il devienne fou, afin de devenir sage ». Même les tsars les respectent et les craignent. A sa mort, Basile est enterré dans une chapelle de l’église de la Trinité, puis il est transféré en 1588 dans l’église de la Protection-de-la-Vierge-sur-le-Fossé célébrant la victoire de Kazan, plus connue sous le nom d’église saint Basile. Il est représenté maigre et nu, ébouriffé, les bras levés, le regard farouche tourné vers le ciel, où apparaît la Trinité. La nudité complète le distingue de tous les autres fols en Christ. L’élégance de la silhouette, l’allongement de la figure et la noblesse des tons sourds sont aussi caractéristiques de l’art moscovite de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècle.
Moscou, fin du XVIe ou début du XVIIe siècle ; tempera sur bois H. : 31,5 cm ; l. : 27 cm ; prov. : ancienne collection Ilia S. Ostrooukhov (1858-1929) à Moscou Moscou, Galerie Tretiakov, inv. 12078