Ephèbes et satyres praxitélisants



L'influence de Praxitèle sur les nus masculins de ses contemporains et suiveurs est encore plus ardue à déceler puisque, mis à part l'Apollon Sauroctone, aucune statue masculine n'est attribuée avec certitude au maître athénien ; d'autre part, le traitement anatomique et la pose au hanchement accentué ne sont guère innovantes par rapport aux créations contemporaines.
Au XIXe siècle, on s'était convaincu que l'Apollino de Florence était une réplique du type de l'Apollon Lycien cité par Lucien et connu par les monnaies athéniennes du Ier siècle ainsi qu'une trentaine de copies. On retrouvait dans le canon et le rendu adouci de l'anatomie des similitudes avec l'Apollon Sauroctone, dans les proportions de la tête celles de l'Aphrodite de Cnide. Rejetant l'attribution à Praxitèle, on a cru à une dérivation du prototype praxitèlien dans la génération postérieure au maître, fils ou sculpteur de la première phase de l'art hellénistique ; mais l'existence d'un prototype praxitèlien lui-même est remis en cause : l'Apollino serait donc une transposition dans un vocabulaire praxitèlisant des débuts de l'Empire d'un original d'un sculpteur sans doute contemporain. Il a été fréquemment copié notamment par Nicolas Frémery au XVIIe siècle.
Affublé d'une tête polyclétéenne, avec un emprunt à Scopas dans le croisement des jambes, le Mercure de Florence n'a de praxitélisant que la pose et l'adoucissement du traitement des chairs qui devient la norme pour les représentations d'éphèbes.
Difficiles à copier ou adapter en raison de leurs ailes, les Erotes de Praxitèle ont, semble-t-il, rapidement disparus du répertoire des sculpteurs alors que les sources écrites ne tarissaient pas de louanges sur eux. L'Eros de Centocelle pourrait être une création classicisante romaine, témoin de ce qu'on avait retenu de la sculpture grecque : le contrapposto de Polyclète, la douceur de Praxitèle et la chevelure composite des créations hellénistiques. L'Eros de Thespies de Praxitèle décrit par Pline à Rome disparaît sans doute dans l'incendie de 80 ; cette disparition précoce comme la difficulté de copier en marbre des figures ailées expliquent sans doute que nous ne possédons que des pastiches et non des répliques assurées.
La Tête Aberdeen est citée comme étant " dans le sillage de l'Hermès d'Olympie " ; aucun indice ne permet d'en établir l'identité. oeuvre grecque de manière praxitélienne, si l'on se fonde sur la datation de l'Hermès d'Olympie en tant qu'original, on peut la dater du troisième quart du IVe siècle ; en revanche, si l'Hermès d'Olympie est reconnu comme une oeuvre romaine, la Tête Aberdeen se détache alors de son sillage et il n'est pas interdit d'y retrouver l'influence d'autres maîtres grecs comme Scopas et Lysippe ; on repousserait alors sa datation au-delà de 280 avant J.-C.