Partir à la recherche de Praxitèle, c'est identifier les types statuaires les plus sûrs attestés par les textes, les monnaies et les copies.

L'Aphrodite de Cnide et les Aphrodites nues



Statue la plus fameuse de l'antiquité grecque et romaine, son succès sensible dès l'époque hellénistique s'est renforcé puis répandu à l'époque romaine. Pline raconte que Praxitèle avait fait deux statues d'Aphrodite : l'une drapée, l'autre nue ; proposées aux habitants de Cos, ils choisirent celle qui était vêtue ; ceux de Cnide, prirent la déesse nue assurant ainsi la célébrité de leur cité. On dénombre de nos jours près de deux cents représentations, copies plus ou moins fragmentaires, statuettes de marbre, bronze, argent, verre et terre cuite, monnaies et reliefs restituant le type statuaire le mieux attesté de la carrière de Praxitèle ; cependant, devant la profusion des variantes, il est mal aisé d'avoir une image claire de l'oeuvre d'origine ; quant à la date de son exécution, on pourrait la placer autour de 364-361 avant J.-C. La statue était en marbre de Paros ; et c'est sans doute le peintre Nicias qui en avait exalté la sensualité en rehaussant de son pinceau la langueur du regard et le velouté de la chair.
Aphrodite se tient debout, la main droite devant son sexe et la gauche déposant un vêtement sur un vase placé à sa gauche.
Dans les copies, deux grandes familles vont émerger : l'une d'une déesse dont l'aplomb et l'attitude affirment la sérénité (la Vénus Colonna en est le plus bel exemple) ; l'autre comme la Vénus du Belvédère représente une femme nue aux aguets dont le visage inquiet exprime la crainte d'être vue par des regards indiscrets.
Pour certains, la Vénus Colonna serait plus proche du projet de Praxitèle : au IVe siècle, les déesses s'humanisent sans toutefois emprunter les faiblesses des mortels ; la Vénus du Belvédère réinterprétée à l'époque hellénistique serait plus terrestre avec une érotisation profane. Pour d'autres, s'appuyant sur le type iconographique représenté sur les monnaies de Cnide, c'est au contraire celle du Belvédère qui serait plus proche du type originel : le visage, sous une coiffure sans apprêt faite de longs réseaux de mèches séparées par une raie médiane ondulant vers la nuque où elles se rejoignent en chignon est un subtil mélange où l'équilibre classique accueille des tendances nouvelles : un regard plus tendre, une douce plénitude des joues, des lèvres gonflées,…
Faut-il y reconnaître un portrait fidèle de la courtisane Phryné ? Faut-il sentir dans cette représentation transcendante de la beauté idéale et éternelle une démarche platonicienne ?