" Grâce à l'excellence de son talent, Praxitèle n'est inconnu d'aucun homme un tant soit peu cultivé... " Si Varron s'exprimait ainsi au Ier siècle avant J.-C., c'est que la renommée du sculpteur athénien du IVe siècle ne s'était pas affaiblie. Elle allait croître au cours des siècles et embellir jusqu'à nos jours. Pausanias, Pline l'Ancien, Lucien de Samosate ont décrit ses oeuvres avec force louanges ; malheureusement, ils ne se sont guère attardés sur ses origines, sa vie et, ce que l'on pourrait appeler, sa " carrière ".
Né autour de 400 avant J.-C., Praxitèle se forme dans l'entourage du sculpteur Céphisodote (son père ?) ; il serait mort peu avant 326 avant J.-C (son nom disparaissant des registres officiels) ; la famille de Praxitèle figure parmi les plus riches de la cité, fortune certainement fondée sur une autre ressource que son seul talent de sculpteur.
Au cours des siècles, sa célébrité ne s'éteindra pas : Rome lui vouera un véritable culte, la Renaissance puis l'époque moderne lui restitueront un oeuvre plus ou moins imaginaire ; le XIXe siècle -glosant certes sur ses relations avec la courtisane Phryné son modèle pour l'Aphrodite de Cnide- verra la mise en place avec Winckelmann d'une vraie démarche archéologique qui se poursuit de nos jours.
La plupart des sources littéraires sont connues depuis la Renaissance et ont été sur interprétées. L'archéologie se fondait alors sur le postulat suivant : partir des écrits pour interroger la documentation figurée. Intailles et monnaies se sont fait les relais iconographiques de la production du maître et corrélées avec les textes ont servi à identifier répliques et pastiches. On verra au cours de l'exposition les limites de ce type de démarche.
C'est à un véritable défi que se sont livré les commissaires de l'exposition : faire revivre un sculpteur grec né il y a 2400 ans et surtout plonger le visiteur dans l'histoire de l'archéologie et de l'histoire de l'art de la sculpture grecque et les faire participer aux démarches des scientifiques avec leurs postulats, leurs doutes, leurs interprétations et leurs controverses.