Le monde de l’Au-delà est d’une structure difficile à cerner pour nos esprits cartésiens. Fermé sur lui-même, il conjugue plusieurs caractéristiques topographiques a priori inconciliables tout en étant parfois un reflet des mondes céleste et terrestre.
Gardiens, portes et édifices
Plusieurs édifices jalonnent les espaces et domaines de l’Au-delà. Leur architecture est proche de celle de la réalité égyptienne à ceci près que les structures qui la composent sont dotées de la parole et de pouvoirs destructeurs. Tout comme ici-bas, ces bâtiments sont inséparables de leurs gardiens, préposés à la garde des accès ou à celle de leurs habitants. Mots de passe, menaces, formules magiques et passe-droits permettent au défunt d’en franchir les portes pour atteindre le domaine le plus important : celui d’Osiris.
Les espaces naturels de l’autre monde
Les espaces naturels de l’autre monde s’inspirent pour beaucoup des réalités du paysage égyptien. Espace désertiques ou arides, buttes sablonneuses, canaux, champs et chemins composent un paysage que doivent traverser tant le soleil pendant la nuit que le défunt. Ils sont peuplés d’êtres ou de créatures, empruntés à la réalité, hybrides ou imaginaires. Parmi ces lieux, la Campagne des Roseaux et la Campagne des offrandes ont été comparées à un Paradis, notion commune à de nombreuses religions, où le défunt jouit sans cesse de loisirs et de nourriture dans un cadre idyllique.
Cartographier l’inconnu
Parmi les plus anciennes cartes connues à ce jour figurent celles peintes sur le fond de cercueils provenant pour la plupart de la nécropole du Gebel el-Bercheh en Moyenne Égypte. Remontant au début du Moyen Empire, vers 1963-1898 av. J.-C., ils fournissent au défunt qui s’y trouvait placé un guide détaillé des espaces de l’au-delà.
Après avoir franchi les portes d’accès à l’autre monde et une ceinture de feu, le défunt doit parvenir à l’issue d’un périple compliqué, à la demeure où résident Ré et Osiris. Les textes qui en accompagnent la représentation sont connus sous le nom du Livre des deux chemins. Ils fournissent une description précise de zones à la topographie complexe, tant souterraines que célestes, protégées par des gardiens redoutables.
Situé aux confins des mondes, terrestre, céleste et souterrain, l’Au-delà cartographié comprend une succession de zones ténébreuses et de territoires emplis de flammes.
Un secteur particulier comportant les deux chemins, une voie terrestre et l’autre fluviale y est particulièrement détaillé. Des codes de couleurs et des conventions élaborées de représentation ou de schématisation, témoignent de la richesse de la pensée égyptienne dans la mise en œuvre d’un processus cartographique d’espaces dont la réalité est immatérielle.