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Histoire du musée du Louvre, du Palais et des jardins

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Bien entendu, l’étude de textes littéraires –

fiction, poésie, théâtre, littérature autobiogra-

phique – s’impose. Au-delà du plaisir de la cita-

tion et de l’anthologie, elle peut déboucher sur

l’étude des «émotions patrimoniales » chères

à Daniel Fabre ou Bénédicte Savoy. C’est aussi

dans ce sens qu’il nous faut étudier les œuvres

que les jardins des Tuileries et du Carrousel

ont suscitées et suscitent toujours – peintures,

dessins, photographies.

La «prise en compte de toutes les

dimensions

invisibles

du jardin» (H. Brunon etM. Mosser)

conduit à recourir aussi à l’archéologie des

jardins, récemment utilisée pour préparer

le schéma directeur des Tuileries, laquelle

s’appuie sur les sciences naturelles que sont la

botanique, la pédologie, l’hydrologie ou encore

la climatologie.

Très difficile à mener est l’histoire véritable-

ment

jardinière

 : que plantait-on ? qui plan-

tait ? et où? Le jardin des Tuileries a-t-il béné-

ficié des avancées techniques de la

botanique

et

de l’

horticulture

? Il s’agit de déterminer la part

de créativité et d’innovation que les Tuileries

ont jouée dans l’art des jardins français.

La recherche sur les jardins du domaine

du Louvre et des Tuileries devient un axe à

part entière de la politique de recherche du

musée, dans le domaine des études muséales

et de l’histoire du Louvre, entendue comme

l’histoire du Palais, du musée et du domaine.

Les projets de recherche

pour les cinq prochaines années

Ils s’organisent autour de quatre axes cohé-

rents avec le Projet scientifique et culturel du

musée et le contrat d’objectif et de perfor-

mance de l’établissement.

À court terme :

- un axe de recherche destiné au public ;

- un autre pour le patrimoine et ses aména-

gements.

À moyen terme :

- un troisième axe pour la conservation des

sculptures en plein air ;

- un dernier pour la valorisation des compé-

tences professionnelles des jardiniers d’art.

Jusqu’à présent, la recherche sur les jardins

du domaine du Louvre et des Tuileries n’a

jamais été officiellement organisée. Ce sont

davantage les circonstances – commandes

éditoriales ou travaux d’entretien ou de restau-

ration – qui ont conduit à en mener.

Certes, cette recherche doit rester

appliquée

,

pour appuyer les décisions qui doivent être

prises par exemple à propos du jardin du

Carrousel. Mais l’objectif à plus long terme est

de restituer aux Tuileries le juste rôle qu’elles

ont joué et jouent toujours dans l’histoire de

l’art des jardins, notamment en matière d’in-

novation paysagère. En effet, leur célébrité et

leur hyperfréquentation actuelles minimisent

voire occultent ce rôle. L’association avec les

organismes de recherche sur « le paysage » au

sens large – universités, écoles de paysage –

devrait permettre de combler ce retard.

Certaines périodes ont été très étudiées, tel le

XVII

e

siècle, à l’occasion de l’année Le Nôtre

en 2013, d’autres le sont nettement moins,

comme le XVI

e

siècle – son étude est péna-

lisée par l’absence quasi totale de documents

d’archives et de vestiges archéologiques – et,

plus largement, les XIX

e

et XX

e

siècles – dont

les archives sont à classer voire à rassembler.

L’objectif est d’écrire à terme une synthèse

historique qui propose

un rééquilibrage chro-

nologique scientifiquement étayé

.

Enfin, tout comme lemusée est un lieu de créa-

tion et d’innovation, le jardin des Tuileries est

une source d’inspiration pour les artistes. C’est

là un champ immense offert aux chercheurs. À

lui seul, le potentiel de l’image photographique