

Rapport d’activité - 2016
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Interview dE M. le lcl José Vaz de Matos
,
conseiller sécurité
incendie des musées
de France
Qu’est-ce qu’un plan
de sauvegarde des œuvres
(PSO)?
Le plan de sauvegarde
des œuvres est un outil
opérationnel destiné à orienter
et faciliter les décisions prises
par le commandant des
opérations de secours et le
chef d’établissement (ou son
représentant), selon leur
analyse de la situation du
moment.
Comment s’élabore-t-il ?
Le plan doit être élaboré
en coopération étroite avec
les services de secours
territorialement compétents
afin de pouvoir être mis à leur
disposition le cas échéant.
Il doit être différencié du plan
«ETARE» (ÉTAblissement
Répertorié), réalisé
éventuellement et au cas par
cas par les sapeurs-pompiers
et destiné à faciliter leur
intervention ; bien entendu,
il peut le compléter utilement.
Quel est votre rôle
dans l’élaboration
des plans des musées ?
Le rôle du conseiller sécurité
incendie des musées de France
est d’accompagner les
directions régionales des
affaires culturelles (DRAC),
et plus particulièrement
les conseillers musées,
sur l’engagement des chefs
d’établissement, lorsque cela
n’a pas d’ores et déjà été fait,
à initier un travail sur
l’élaboration de leur plan
de sauvegarde.
La réalisation de ce plan est
un processus collectif, qui vise
à instaurer une conscience et
une responsabilité partagées
entre les cadres et les agents
des établissements et des
services concernés et à les
préparer à réagir
collectivement et solidairement
lors d’une situation de crise,
quelle qu’en soit l’origine.
Le conseiller apporte donc
son soutien technique d’expert
préventionniste aux travaux
réalisés; en revanche, il ne peut
«valider» et/ou «certifier
conforme» le plan de
sauvegarde propre à chaque
établissement. Ce plan ne peut
être enregistré comme un outil
performant que s’il est partagé
entre tous les acteurs, éprouvé
par la réalisation d’exercices
et surtout amélioré au regard
du retour d’expérience local.
Quelle est l’importance pour
vous du plan de sauvegarde
du musée du Louvre?
Le musée du Louvre est
l’un des plus grands musées
du monde, par sa surface
d’exposition et ses collections,
qui comprennent près de
570 000 œuvres. Situé au
cœur de la capitale, entre
la rive droite de la Seine
et la rue de Rivoli, il est le
musée le plus visité au monde
et présente une concentration
importante de chefs-d’œuvre
et de trésors nationaux.
Au niveau de la Direction
générale du patrimoine, nous
accordons donc une attention
toute particulière à son plan
de sauvegarde des œuvres
en raison de la richesse
de ses collections et de son
rayonnement auprès
des musées nationaux.
La diversité, la rareté
et la valeur des collections
présentées imposent en effet
à l’Établissement public du
musée du Louvre (EPML)
de se doter avant la fin de
l’année 2017 d’un outil
opérationnel répondant
parfaitement aux attentes
de chacun et facilement
exploitable par les services
de secours. Ce document
doit être mis à jour en
permanence, tout en prenant
en compte les enseignements
tirés des exercices afin de
protéger au mieux les biens
culturels.
Enfin, même s’il faut avoir
à l’esprit qu’un plan de
sauvegarde est le fruit d’une
réflexion propre à chaque
établissement et qu’il faut se
garder d’imposer un modèle
unique, il ne fait aucun doute
que le PSO du plus grand
et certainement du plus
complexe musée de France
pourrait servir d’exemple
au niveau national, tant sur
le fond que sur la forme.
En fonction des éléments
portés à votre connaissance,
quel est votre point de vue
sur la crue de juin 2016 et la
mise en application du PPRI
du musée du Louvre?
La crue de juin 2016
a entraîné, pour le Louvre,
la plus grande opération
d’évacuation et de protection
d’œuvres depuis la Seconde
Guerre mondiale. 130 000
d’entre elles se trouvent
dans les zones inondables
du palais et le musée doit
disposer d’au moins 72 heures
pour évacuer les collections
menacées. Le déclenchement
du plan particulier contre
l’inondation (PPCI) de
l’EPML doit donc se faire
bien avant le déclenchement
du plan de prévention
du risque inondation (PPRI)
de la préfecture de Police
de Paris.
L’exercice interne en mars
dernier, en parallèle de
l’exercice européen Sequana,
a également permis au Louvre
d’appréhender sans difficulté
le premier déclenchement
du PPCI de son histoire.
De nombreux enseignements
ont ainsi pu être tirés de ces
deux événements.
Concernant les points
positifs, nous noterons
la très forte mobilisation
des agents du Louvre et des
sapeurs-pompiers de Paris
de l’Unité élémentaire
spécialisée (UES), mais aussi
l’absence de blessés et
de dégâts occasionnés sur
les œuvres évacuées. Nous
pouvons légitiment valider
l’intérêt de la formation
à la sauvegarde des biens
culturels qui est réalisée
par les départements
de conservation au profit
du personnel de l’UES.
Pour ce qui concerne
les points à améliorer, nous
pourrions retenir, d’une part,
la nécessité d’évacuer à titre
préventif les réserves d’œuvres
situées en zone inondable afin
de pouvoir porter l’effort sur
les espaces muséographiques
et, en second lieu, la
valorisation organisationnelle
de la chaîne logistique.