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26 - Rapport d’activité - 2015

Interview de M. Étienne Anheim

coordinateur

scientifique et

cofondateur du

LabEx Patrima,

maître de

conférences,

université de

Versailles – Saint-

Quentin-en-

Yvelines

En quoi était-il

important que le

Louvre fasse partie

des membres du

LabEx Patrima,

créé en 2010 ?

Les investissements

d’avenir ont été,

à partir de 2010,

un tournant pour

la structuration

de la recherche dans

le monde universitaire.

Au même moment, le

musée du Louvre avait

entamé une réflexion

sur son organisation

scientifique, en partie

dans la perspective du

projet d’aménagement

des réserves à Neuville.

Cette conjoncture a

créé les conditions d’un

rapprochement entre

les universités de

Versailles – Saint-

Quentin-en-Yvelines

et de Cergy-Pontoise,

le Louvre ainsi que

plusieurs autres grands

établissements comme

le château de Versailles,

la Bibliothèque

nationale ou les

Archives nationales,

et des laboratoires du

ministère de la Culture

comme le C2RMF,

le LRMH, le CRCC

ou IPANEMA (CNRS/

Synchrotron SOLEIL).

Concrètement, le

Louvre est devenu

partenaire de

l’« équipement

d’excellence »

Patrimex, formé d’une

série de plateformes

d’analyses physico-

chimiques pour

les matériaux

patrimoniaux,

et du projet de Très

Grande Infrastructure

européenne ERIHS.

Le musée a aussi

accueilli en 2014

la grande rencontre

internationale

consacrée à l’utilisation

du synchrotron pour le

patrimoine. Le LabEx

et la Fondation ont

aussi assuré depuis

2011 le financement

de cinq thèses liées

au Louvre, dont deux

directement accueillies

par des départements

du musée, de trois

post-doctorants et

d’un soutien financier

à plusieurs programmes

de recherche, pour un

total cumulé de près de

800 000 euros. Le bilan

est donc très positif

et la dynamique s’est

poursuivie avec la

création en 2013 de la

Fondation des sciences

du patrimoine, dont

le Louvre est membre

fondateur. Le musée

se trouve aujourd’hui

au cœur d’un réseau

unique au monde

en termes de

collaborations entre

disciplines et

institutions différentes,

lui permettant

de bénéficier à la fois

de financements, mais

aussi de savoir-faire

et de compétences

techniques

dans le domaine

de la recherche sur

le patrimoine matériel.

Quelle est votre

vision de la

recherche au Louvre

et de votre rôle au

sein de son conseil

scientifique?

Je porte sur le Louvre

un regard d’universitaire,

à la fois comme

chercheur et comme

administrateur,

puisque je suis aussi

membre du conseil

scientifique de mon

université. Alors qu’elle

fait pleinement partie

des missions des

universitaires, la

recherche pratiquée

dans les musées n’est

pas suffisamment

visible et reconnue.

Pourtant, non

seulement les

conservateurs sont des

chercheurs, mais les

musées sont des lieux

de recherche collective.

Le fait qu’un musée

de l’importance

du Louvre mette

en avant cette activité

de recherche est un

élément essentiel, tant

vis-à-vis du ministère

de la Culture que du

monde universitaire.

Cependant je crois très

important de souligner

qu’il y a une spécificité

de cette recherche

en musée, qui passe

par une attention

particulière aux

collections, à la

muséologie, aux enjeux

de conservation

et restauration, et plus

largement par

la proximité avec

les objets et leur

matérialité. Par

l’organisation adéquate

de ses propres forces,

par l’identification

claire de la singularité

de la recherche

en musée, le Louvre

peut être pionnier,

et montrer l’exemple

d’une approche des

objets qui ne soit

pas cantonnée

à l’idiographie ou à la

conservation, mais qui

soit une connaissance

matérielle, formelle

et historique au sens

le plus large. De ce

point de vue, mon rôle

me semble être d’apporter

ma connaissance

de l’organisation

institutionnelle

et intellectuelle de la

recherche universitaire,

des mécanismes

des appels à projet,

de la pratique de

l’interdisciplinarité,

pour aider

au rayonnement

de la recherche propre

au Louvre. À cet égard,

le conseil scientifique

du musée, qui n’est pas

soumis aux contraintes

des conseils

scientifiques

universitaires en

termes réglementaires,

est un remarquable

outil de pilotage

et un lieu de débat

unique, et je suis

très heureux d’avoir

la chance d’y siéger.