La femme désirée : Le nu féminin à Venise

La Femme en péril


Au cours de sa longue carrière, Titien évolue dans la représentation des mythes classiques où les femmes sont mises en danger : viol de Lucrèce par Tarquin, Andromède livrée au monstre, … C’est dans une représentation brutale et palpable qu’il rejoue la scène du viol de Lucrèce ; il fait participer le spectateur, le rendant complice de cette scène.
A la différence de Titien, Tintoret ne s’appuie pas sur un texte classique mais sur une vision plus personnelle. Dans sa représentation du viol de Lucrèce, la scène est violente ; tout semble s’effondrer sous l’assaut de l’homme qui arrache les derniers vêtements d’une Lucrèce en équilibre instable, au corps projeté vers l’avant.
Chez Véronèse, le choix du moment est important : dans le drame de Lucrèce, il ne choisit pas le moment du viol comme Titien ou Tintoret, mais l’instant qui précède le suicide de la jeune femme. Dans Persée et Andromède, la jeune femme se sait déjà sauvée. L’élégance du trait et l’harmonie des couleurs adoucissent le drame.

Titien, Tarquin et LucrèceEn savoir+ Titien , Tarquin et Lucrèce
Cambridge, prêté par The Syndics of the Fitzwilliam Museum
(Inv 914)

Tintoret, Tarquin et LucrèceEn savoir+ Tintoret , Tarquin et Lucrèce
Chicago, The Art Institute of Chicago
(1949-203)

Véronèse, Persée et AndromèdeEn savoir+ Véronèse , Persée et Andromède
Rennes, musée des Beaux-arts
(Inv. 1801.1.1)

Titien, Tarquin et Lucrèce Tintoret, Tarquin et Lucrèce Véronèse, Persée et Andromède
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Titien, Tarquin et Lucrèce

Cambridge, prêté par The Syndics of the Fitzwilliam Museum
(Inv 914)

Titien amplifie la brutalité de la scène : Lucrèce légèrement redressée sur les coussins lutte contre son adversaire qui avance entre ses jambes, brandissant son coutelas, prêt à frapper. La peinture appliquée en couches épaisses donne aux surfaces une présence tactile qui renforce la violence de la scène.

© Cambridge (GB), Fitzwilliam Museum, University of Cambridge

Titien, Tarquin et Lucrèce

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Tintoret, Tarquin et Lucrèce

Chicago, The Art Institute of Chicago
(1949-203)

Là où Titien abordait le thème avec une franche violence, Tintoret renforce le tragique de la scène par des jeux de torsions dans les corps des deux personnages. La datation de ce tableau fait débat ; après avoir été considérée comme une œuvre de jeunesse, on la place dans les années 1578-1580.

© The Art Institute of Chicago

Tintoret, Tarquin et Lucrèce

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Véronèse, Persée et Andromède

Rennes, musée des Beaux-arts
(Inv. 1801.1.1)

Véronèse s'est inspiré d'une composition de Titien sur le même sujet, peinte pour Philippe II. Mais là où Titien avait rendu l'intensité dramatique de la situation d'Andromède terrifiée à l'approche du monstre, l'élégance de Véronèse fait pressentir la conclusion heureuse. Les oranges acidulés jouent avec les bleus du ciel et de la mer et le rocher cerne le corps de la jeune femme comme un écrin. Persée plonge dans un raccourci virevoltant vers la bête, tandis que la gracieuse Andromède attend, confiante, l'issue du combat.

© MBA, Rennes, Dist RMN / Adélaïde Beaudoin

Véronèse, Persée et Andromède

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La femme désirée : Le nu féminin à Venise

La Femme offerte


Au XVIe siècle, Venise est célèbre pour la liberté de ses mœurs mais les images érotiques ne sont pas admises en public et les prestigieux nus de Titien sont réservés au milieu fermé des commanditaires, souvent étrangers. Les nus profanes de Titien sont empreints d’une grande sensualité, même s’ils s’appuient sur une thématique mythologique et suivent des codes de représentations ; le programme iconographique des poesie peint pour Philippe II, s’il s’inspire librement sur les Métamorphoses d’Ovide, répond à une dialectique autour de l’amour accepté ou refusé, heureux ou tragique et permet également à Titien de répondre à la prééminence de la peinture sur la sculpture.
Ni Véronèse, ni Tintoret, ni aucun autre des ses jeunes « rivaux » ne parvinrent à égaler Titien. Le premier travaillera sur des thèmes profanes dans un style plus classique, plus sculptural, d’une grande richesse chromatique mais beaucoup moins sensuel. Tintoret délaissera les nus offerts à la délectation du regard du spectateur pour des compositions mouvementées et dramatiques. Ses rares représentations de corps nus féminins sont dénuées de poésie.

Titien, DanaéEn savoir+ Titien , Danaé
Madrid, museo del Prado
(P00425)

Tintoret, DanaéEn savoir+ Tintoret , Danaé
Lyon, musée des Beaux-arts
(inv. A 91)

Véronèse, Allégorie de l'amour : le RespectEn savoir+ Véronèse , Allégorie de l'amour : le Respect
Londres, The National Gallery
(NG 1325)

Sustris, Vénus et l'AmourEn savoir+ Sustris , Vénus et l'Amour
Paris, musée du Louvre
(Inv. 1978)

Titien, Danaé Tintoret, Danaé Véronèse, Allégorie de l'amour : le Respect Sustris, Vénus et l'Amour
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Titien, Danaé

Madrid, museo del Prado
(P00425)

Dans ses poesie exécutées pour Philippe II, Titien reprend le thème de la Danaé qu'il avait réalisé près de 10 ans auparavant. La vieille servante, sorte d'entremetteuse, a pris la place d'un petit amour, cette Danaé devenant ainsi l'incarnation de l'amour vénal. La touche large et vibrante fait palpiter le corps offert de la jeune femme en émoi.

© Museo Nacional del Prado, Madrid

Titien, Danaé

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Tintoret, Danaé

Lyon, musée des Beaux-arts
(inv. A 91)

Caricaturant la scène érotique de Titien, Tintoret peint une prostituée avide qui s'assure que sa servante récolte bien toutes les pièces d'or, même si les quelques pièces disposées autour du sexe de la jeune femme indiquent bien que nous sommes en présence d'une Danaé fécondée par Jupiter sous la forme d'une pluie d'or.

© Erich Lessing, Vienne

Tintoret, Danaé

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Véronèse, Allégorie de l'amour : le Respect

Londres, The National Gallery
(NG 1325)

Il s'agit là de la troisième toile d'un cycle allégorique de quatre compositions sur les différents aspects de l'amour. Le fort raccourci atteste qu'il s'agit d'un décor de plafond. Au corps dénudé et alangui de la jeune femme répond le corps vêtu et dynamique de l'homme, avec entre eux un Cupidon enjoué qui tente de s'emparer de l'épée de l'homme.

© The National Gallery, londres, Dist. RMN / National Gallery Photographic Department

Véronèse, Allégorie de l'amour : le Respect

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Sustris, Vénus et l'Amour

Paris, musée du Louvre
(Inv. 1978)

Peintre hollandais, Sustris a passé l'essentiel de sa carrière en Italie et notamment à Venise auprès de Titien. Dans ce tableau, Vénus caresse des colombes, ses attributs, en présence de son fils Cupidon en attendant que Mars - au fond à droite - vienne la rejoindre. En 1548 et en 1550, Sustris accompagne son maître Titien à Augsbourg, où il peint, probablement pour les Fugger, cette mythologie au maniérisme raffiné.

© RMN / R. G. Ojéda

Sustris, Vénus et l'Amour

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La femme désirée : Le nu féminin à Venise

Les décors à sujets féminins


Sans que l’on sache précisément s’il s’agit d’éléments décoratifs de coffres de mariage, de buffets ou de panneaux muraux, il existe de nombreux petits panneaux rectangulaires ou oblongs représentant le plus souvent des épisodes mythologiques, antiques ou bibliques où les sujets féminins sont traités avec une grande sensualité.
Sans doute objets de commandes, ces panneaux semblent avoir été peints dans les années de jeunesse de peintres comme Schiavone, Tintoret, Véronèse et Sustris, parfois réunis pour la réalisation d’un même décor, au moment où chacun acquérait son langage personnel. Ces œuvres sont la preuve d’un grand raffinement ornemental.

Schiavone, Diane et CallistoEn savoir+ Schiavone , Diane et Callisto
Amiens, musée de Picardie
(MPLav1894-241)

Tintoret, Salomon et la reine de SabaEn savoir+ Tintoret , Salomon et la reine de Saba
Londres, Courtauld Institute of Art Gallery
(P1978.PG457)

Schiavone, Diane et Callisto Tintoret, Salomon et la reine de Saba
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Schiavone, Diane et Callisto

Amiens, musée de Picardie
(MPLav1894-241)

Schiavone, par sa touche élégante et nerveuse, décrit ici un des épisodes de la vie de Callisto, lorsque Diane découvre la grossesse de la nymphe, séduite par Jupiter ; la déesse punira Callisto en la transformant en ourse.

© Musée de Picardie / Marc Jeanneteau, Amiens

Schiavone, Diane et Callisto

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Tintoret, Salomon et la reine de Saba

Londres, Courtauld Institute of Art Gallery
(P1978.PG457)

Cette œuvre de jeunesse de Tintoret, où se mèlent solennité et intimité, est influencée par Schiavone et le maniérisme toscan. Il s'agit sans doute là d'une réponse aux grands chantiers vénitiens de peinture décorative des années 1540.

© Courtauld Institute of Art Gallery, Londres

Tintoret, Salomon et la reine de Saba

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