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à cette occasion d’engorgement et d’importantes

arrivées des collections (par exemple pour les

collections Borghèse) que sont montées les

premières (si on met à part les Salons du 18

e

siècle)

«présentations temporaires, ou provisoires ».

Les ancêtres des dépôts du Louvre, et

premières problématiques de stockage des

collections

Aussi, face au volume de biens artistiques émanant

de la nationalisation des biens de l’Église, de la

confiscation de ceux des Émigrés et des saisies

effectuées par les armées révolutionnaires, que

le musée du Louvre ne peut absorber à lui seul,

le ministre de l’Intérieur Jean-Antoine Chaptal

publie un arrêté le 13 fructidor an IX (31 août

1801) en vue d’instituer quinze musées dans

autant de grandes villes françaises. Le «décret

Chaptal » constitue la première mesure d’ampleur

concernant la politique de dépôt des œuvres sur

l’ensemble du territoire en proposant de répartir

entre chacune des villes concernées des lots

tels que « chaque collection présente une suite

intéressante de tableaux de tous les maîtres, de

tous les genres, de toutes les écoles ». Ces « lots »

de l’État sont à l’origine du lien entre le Louvre

et les autres musées de France, en premier lieu

les musées autrefois dit « classés », en plaçant

l’établissement au centre d’un réseau de musées

exposant les œuvres, appartenant à l’État français.

Le 1

er

septembre 1801, un autre décret impose

aux villes de préparer à leurs frais «une galerie

convenable » pour recevoir lesdites œuvres.

Dominique Vivant Denon est nommé directeur

général du musée le 22 novembre 1802. L’année

suivante, une Direction générale des musées

nationaux est créée. Le musée devient alors

le musée Napoléon. On y admire les antiques

provenant du Vatican, du musée du Capitole, de

Florence, des anciennes collections royales ou des

confiscations faites notamment en Allemagne. À

la chute de l’Empire en 1815, chacun des États

venant récupérer son bien, le musée Napoléon est

démantelé.

Les héritages du Louvre de la Révolution

Le Louvre d’aujourd’hui est à de nombreux égards

l’héritier direct du Louvre de la Révolution :

l’organisation des collections et des circulations

a longtemps été, et reste, marquée par l’entrée

unique au sud-ouest du Palais : la concentration

des « chefs-d’œuvre » en aile Denon aujourd’hui

est la conséquence directe de cette entrée du

Muséum ;

la répartition des collections dans le Palais

est également dans plusieurs cas l’héritière des

premières installations de collections, par exemple

celle des sculptures au rez-de-chaussée du musée,

pour des raisons architecturales évidentes ;

la présentation même des collections est souvent

directement issue des décisions des premiers

conservateurs du Louvre : le cas de l’installation

des peintures en étage, pour bénéficier d’un

éclairage zénithal, en est le meilleur exemple

dans la mesure où cette présentation du Louvre

a marqué durablement la muséographie des

peintures partout en France ;

enfin, l’histoire commune du Louvre et de

l’administration des Musées nationaux, qui est

essentielle à la compréhension de la place du

Louvre dans l’histoire des musées en France, est

un héritage révolutionnaire.

L

e développement du

palais du

L

ouvre

 :

l

expansion du musée

À partir de la création du Muséum central, et

jusqu’au début du 21

e

siècle, l’expansion du musée

et des collections ne cessera plus, transformant,

malgré certains épisodes de retour du pouvoir au

Louvre, le Palais en musée. La première moitié

du 19

e

siècle est particulièrement riche et inscrite

dans l’histoire du Palais et de ses collections :

en cela aussi, le Louvre inspire, parfois suit, le

développement considérable des musées partout

en Europe. C’est à partir de cette époque, marquée

par de grandes figures de conservateurs, par des

réflexions plus développées sur les missions du

musée et sur les présentations de collections, et

par de profondes transformations architecturales

que se construit un musée qui, si l’on se place,

par anachronisme, dans le Louvre du 21

e

siècle,

préfigure les aménagements des années 1930 (plan

Verne) et du Grand Louvre.

Héritages architecturaux et muséographiques :

l’héritage institutionnel : transformé en «musée

royal » en 1816, le Louvre devient «musée du

Louvre » en 1848, puis de nouveau en 1895, et fut

musée impérial sous le Second Empire ;

les transformations architecturales et les

aménagements du Palais de cette période ont

laissé de nombreuses traces dans le Louvre actuel ;

d’une part, à travers les espaces du Palais redevenu

résidentiel sous l’Empire et siège habituel de

la monarchie sous la Restauration : même si le

roi ou l’empereur réside aux Tuileries, les salles

du Louvre servent à l’administration royale ou

impériale et leurs dénominations sont encore

présentes aujourd’hui (salle des Séances royales,

salle du Conseil d’État…) ; d’autre part, le Palais

transformé par Napoléon III est celui que nous

connaissons aujourd’hui : Napoléon III fait en effet