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Accueillir et transmettre
Interview de M. Philippe Asset,
directeur de la société
Anagram Audiovisuel
Pour quelles raisons
avez-vous accepté de
répondre à l’appel d’offres
du Louvre pour la
confection de trois
maquettes dans le Pavillon
de l’Horloge ?
Tout d’abord, le projet
lui-même nous a séduits.
Nous sommes de fervents
défenseurs de l’utilisation
des maquettes interactives,
qui mettent leur pouvoir
d’étonnement du visiteur
au service du savoir à
transmettre, sans le noyer
sous l’information, et sans
non plus que l’étonnement
devant la technique ou
l’esthétique ne prenne le
pas sur le fond. En offrant
une visualisation dans
l’espace d’une dynamique
historique, passée ou
future, elles servent la
pédagogie en piquant la
curiosité de leur utilisateur.
Ensuite, nous avons
accepté de répondre à
l’appel d’offres du Louvre
car c’est exactement pour
ce type de projet que nous
avons beaucoup investi ces
dernières années chez
Anagram Audiovisuel.
Disposant en interne de
toutes les compétences et
des équipements
nécessaires à la réalisation
de maquettes interactives,
de la programmation à
l’usinage numérique en
passant par le graphisme,
nous étions préparés à la
réalisation de dispositifs de
cette ampleur.
Enfin, la perspective de
travailler avec le Louvre a
tout de suite motivé les
équipes en interne.
Au-delà de la stature
historique du Louvre, du
respect et de l’admiration
qu’il impose, nous étions
motivés à l’idée de
collaborer avec ses équipes,
qui sont connues pour leur
passion et leur exigence.
Présents dans le domaine
de la muséographie depuis
plus de vingt ans, nous ne
pouvions voir que comme
une forme de consécration
le fait de réaliser plusieurs
dispositifs permanents
pour le Louvre. C’est
aujourd’hui une source
de grande fierté pour nous
d’avoir été associés à ce
projet.
Quels principaux défis
avez-vous dû relever
pour les réaliser ?
Dans un cas comme
celui-là, l’enjeu qui
commande et élève tous les
défis est celui d’être à la
hauteur du lieu, de son
histoire et de ce qu’il
représente pour les foules
qui s’y pressent. C’est de
toute évidence cet
impératif qui guide les
équipes du Louvre, et que
nous avons partagé durant
le projet. C’est aussi cela
qui l’a rendu hors normes,
en termes de réalisation de
maquettes interactives en
France.
Car, comme souvent, le
résultat cache l’ampleur et
la complexité du travail. Ce
sont en effet plus de 700
statues, 850 personnages,
des milliers d’arbres, plus
de quatre kilomètres de
façades et des milliers de
détails architecturaux qui
ont été modélisés avec un
grand niveau de détails, à
partir de relevés 2D,
d’observations sur place et
de prises de vue
photogrammétriques. Ils
ont ensuite été usinés,
imprimés en 3D,
assemblés, peints et validés
avec les équipes du Louvre.
Le fonctionnement des
maquettes donne pour sa
part l’impression d’un
paquebot, à l’échelle de la
muséographie. Plus d’un
kilomètre de câbles et près
de 60 mètres de rubans
LED relient ainsi
12 ordinateurs avec
2 automates,
6 vidéoprojecteurs,
10 écrans tactiles,
112 circuits lumières et
112 contrôleurs.
Enfin, au-delà de la
complexité de chacune des
composantes techniques,
un défi majeur a été de
mener de front toutes ces
tâches, qui requièrent une
multitude de compétences
venues d’univers différents.
Des graphistes ont ainsi
croisé des menuisiers, des
maquettistes, des
programmeurs ou encore
des soudeurs et des
réalisateurs vidéo.
L’imbrication de ces
savoir-faire, sur un projet
de plus de 6 000 heures de
travail en moins de 8mois,
constitue pour nous une
véritable validation de la
pertinence du modèle
d’Anagram Audiovisuel,
qui a fait le pari d’intégrer
au maximum les
compétences d’audiovisuel,
de programmation, de
maquettisme et de
menuiserie.