la Chaire du Louvre par Victor I. Stoichita à l'auditorium du Louvre - page 6-7

Jeudi 18 septembre
18h30 /
conférence
L’Autre et leMême
En 1492, trois caravelles espagnoles gagnent,
sous le signe de la croix, les rives d’un nouveau
continent. La première mention de la rencontre
ne pouvait être plus significative : « et alors
ils virent des gens nus ». Ces gens nus,
on les appellera Indiens et on s’apprêtera
à les vêtir. Drôle de dialectique qui voit
à l’œuvre découverte et occultation.
En 1453, l’Empire romain d’Orient disparaît ;
l’Empire ottoman établit sa capitale
à Constantinople, qu’on appellera dorénavant
Istanbul. Bientôt, les Turcs arriveront
sous les murs de Vienne.
L’année du débarquement au Nouveau Monde
et de la découverte de l’« autre extérieur »,
la confrontation avec l’« autre intérieur »
atteint un sommet : les Maures sont chassés
d’Espagne et les Juifs contraints à l’exil.
À partir du XV
e
siècle, la traite portugaise
des esclaves amène les premiers Noirs africains
dans les grands ports de l’Europe. Plus ou moins
à la même époque, une étrange population,
au teint basané et d’origine obscure, frappe
aux portes des grandes villes. On les appellera
Égyptiens, plus tard Bohémiens et plus tard
encore Tsiganes… En 1422, ils sont devant
la ville de Bologne ; en 1427, aux portes
de Paris. Juifs, «Gitans », Noirs, Musulmans.
Voilà quatre figures essentielles de l’altérité.
. . . . . . . . . . . . . . . .
20h30 /
projection
Drôle de frimousse
(
Funny Face
)
de Stanley Donen
E.-U., 1957, 103 min, avec Fred Astaire
et Audrey Hepburn.
Un photographe de mode new-yorkais
prend pour modèle une jeune libraire
et l’emmène à Paris. Posant un regard
malicieux sur la France et les Français
à la fin des années 1950, Stanley Donen
traite, sur un mode léger mais
avec acuité, la question de l’image
et de la représentation.
Jeudi 25 septembre
18h30 /
conférence
Noir et blanc
Dans le regard des premiers voyageurs
européens parcourant la côte de l’Afrique
occidentale, l’Autre est de prime abord un
corps, seulement accidentellement
ou incidemment un visage. Il en va de même
pour Bosch, qui peuple son
Jardin des Délices
(vers 1505-1510, Madrid, musée du Prado)
de silhouettes sombres, mais vagues.
C’est peut-être l’une des raisons pour
lesquelles Dürer, en visite à Bruxelles en août
1520, ne semble pas interpellé par cette œuvre
de la collection Nassau. L’intérêt de l’artiste
allemand pour les figures de l’altérité
s’était depuis longtemps développé
à travers l’étude du visage en tant que lieu
de la manifestation de l’individu, autant
qu’espace de confluence des stéréotypes.
Quelques mois plus tard, Dürer réalise l’un
des plus touchants portraits de Noir du début
des Temps modernes, le célèbre dessin
à la pointe d’argent représentant Katharina,
la servante de son hôte anversois
João Brandão, commis du roi du Portugal.
L’artiste l’approche avec curiosité, quand
bien même s’y adjoignent sympathie
et compréhension. Tout en étant individualisée
avec soin, Katharina n’est pas partenaire
de dialogue, elle est objet d’étude. Entraînée
dans un jeu inique, elle baisse les yeux.
. . . . . . . . . . . . . . . .
20h30 /
projection
Loin du paradis
(
Far from Heaven
)
de Todd Haynes
E.-U., 2002, 107 min, avec Julianne Moore,
Dennis Quaid, Dennis Haysbert.
Dans l’Amérique puritaine des années 1950,
la vie d’une femme respectable bascule
lorsqu’elle surprend son mari avec un homme,
puis se console dans les bras de son jardinier,
noir… Racisme, homophobie et fracture
sociale sont au cœur de ce film d’une grande
élégance formelle.
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