Georg Friedrich Haendel - opéras filmés - page 4-5

Les opéras de Haendel constituent
le sommet de l’opéra baroque. Allons plus
loin : au même titre que les œuvres de
Mozart, Verdi et Wagner, ils font partie des
monuments inégalés du théâtre musical.
Né dans la Renaissance tardive d’un désir
de redonner vie à la tragédie antique,
l’opéra avait pour objectif de fournir
un mode d’expression à tout le spectre
des sentiments humains. «Tout opéra
est un Orphée », écrit Theodor W. Adorno :
Orphée, l’aède mythique, chante la douleur,
et c’est en pleurant Eurydice qu’il enchante
les animaux sauvages, mais aussi soumet
à son empire les puissances du monde
souterrain.
Haendel, qui dans ses opéras se souciait
plus que quiconque de l’expression
et du pouvoir qu’a la musique d’exprimer
et de susciter les sentiments, porta
de ce fait un intérêt tout particulier et un
soin extrême à la composition des
lamenti
,
les arias de plainte. Nous pourrons nous
en rendre compte à travers certaines
des œuvres qui seront présentées au cours
des week-ends à venir :
Rinaldo
d’abord,
son premier opéra londonien ; les œuvres
de la première grande époque, ensuite,
autour de 1725 :
Giulio Cesare, Flavio
et
Tamerlano
 ; enfin, les chefs-d’œuvre tardifs,
Orlando, Alcina, Ariodante
et
Serse
.
Mais le théâtre musical de Haendel
ne se résume pas à ses opéras et trouve
sa continuation dans les oratarios comme
Jephtha
et
Theodora,
ou dans son ode
Alexander’s Feast,
dont l’expressivité
ne le cède en rien à celle des opéras.
Jan Assmann
Cette nouvelle production de
Giulio Cesare
,
l’opéra de Haendel le plus souvent porté
à l’écran, est celle créée par Moshe Leiser
et Patrice Caurier pour le Festival
de Salzbourg de 2012. Une production
conçue sur mesure pour sa nouvelle
directrice, Cecilia Bartoli, qui réunit autour
d’elle un plateau d’anthologie rassemblant
la fine fleur du chant baroque. De quoi faire
passer auprès du public salzbourgeois
les nombreuses provocations de la mise
en scène d’une œuvre qui suscite souvent
des partis pris décalés. Dans la lignée de
la production historique de Peter Sellars,
l’intrigue est transposée au Moyen-Orient,
mettant en scène les aventures d’une
délégation européenne venue en Égypte
négocier des puits de pétrole. Militaires
en treillis, et prisonniers cagoulés
(référence aux scènes de torture de
l’armée américaine en Irak ?) sont au menu,
mais aussi, pour faire bonne mesure,
champagne et narguilés.
Dramma per musica
en trois actes,
livret de Niccolò Francesco Haym d’après
Giacomo Francesco Bussani.
Création :
Londres, King’s Theatre, Haymarket,
20 février 1724.
Il Giardino Armonico.
Dir.:
Giovanni Antonini.
Mise en scène :
Moshe Leiser, Patrice Caurier.
Décors :
Christian Fenouillat.
Costumes :
Agostino Cavalca.
Lumières :
Christophe Forey.
Chorégraphie :
Beate Vollack.
Avec
Andreas Scholl (Giulio Cesare),
Cecilia Bartoli (Cleopatra), Anne Sofie von Otter
(Cornelia), Philippe Jaroussky (Sesto),
Christophe Dumaux (Tolomeo),
Ruben Drole (Achilla),
Jochen Kowalski (Nireno), Peter Kálmán (Curio).
Réal.:
Olivier Simonnet.
Prod.:
Arte /Festival de Salzbourg, 2012 ; durée : 4h.
Vendredi 9 janvier
à 20 h
Haendel,
un nouvel Orphée
Par Jan Assmann, égyptologue
Conférence accompagnée d’extraits
audiovisuels
Giulio Cesare
Séance présentée par Jan Assmann
Samedi 10 janvier
à 15 h
4
5
Prédécesseur immédiat de
Giulio Cesare
,
Flavio
en est avec des moyens vocaux
comparables, l’opposé : un opéra aux
proportions humaines, malicieux, une des
œuvres de Haendel où s’exprime le mieux
son sens de l’humour et de la parodie.
L’agencement de
Flavio
est un des plus
parfaits que l’on puisse trouver dans
les opéras haendéliens, même si l’ironie,
le sens des nuances et l’ambiguïté l’ont
empêché de rejoindre
Giulio Cesare
et
Alcina
dans l’Olympe de notre compositeur.
Les trois actes de l’œuvre nous plongent
dans un climat à la Goldoni. La distribution
vocale est dominée par la prestation
savoureuse du contre-ténor américain
Derek Lee Ragin, trop rare à l’écran.
La résurrection de ce chef-d’œuvre oublié
eut lieu au festival d’Innsbruck sous
la direction de René Jacobs et donna lieu
à un enregistrement discographique
qui reste une référence.
Flavio, Rè de’ Longobardi
(Flavio, roi des Lombards)
Dramma per musica
en trois actes,
livret de Francesco Haym d’après Matteo Noris.
Création :
Londres, King’s Theatre, Haymarket,
14 mai 1723.
Ensemble 415 de Genève.
Dir. et clavecin :
René Jacobs.
Mise en scène :
Christian Gagneron.
Décors :
Thierry Leproust.
Costumes :
Claude Masson.
Lumières :
Hans Wegleiter.
Avec
Jeffrey Gall (Flavio), Derek Lee Ragin (Guido),
Christina Högman (Vitige), Gloria Banditelli (Teodata),
Lena Lootens (Emilia), Gianpaolo Fagotto (Ugone),
Ulrich Messthaler (Lotario).
Réal.:
Ruth Käch.
Prod.:
ORF /Landesstudio Tirol /Festival de musique
ancienne d’Innsbruck– Ambraser Schlosskonzerte,
1989 ; durée : 2h45.
Composée en l’espace de vingt jours,
en juillet 1724, année où il écrit deux
autres chefs-d’œuvre,
Giulio Cesare
et
Rodelinda
,
Tamerlano
est pourtant l’une
des œuvres majeures de Haendel. Le choix
du sujet – les mésaventures du sultan
ottoman Bajazet, prisonnier de Tamerlano –
eut un rôle important dans la vogue des
« turqueries » à l’âge des Lumières.
Le rôle principal, celui de Bajazet,
est l’un des premiers rôles principaux
de ténor à l’opéra.
Avec un orchestre jouant sur instruments
modernes, mais surtout avec la première
prise de rôle dans un opéra de Haendel
de Plácido Domingo, cette production du
Teatro Real de Madrid apparaissait comme
un défi aux us et coutumes du baroque.
Défi relevé avec succès : la mise en scène
de Graham Vick et surtout les décors
et costumes, mêlant goût
xviii
e
occidental
et influences orientales, font de ce
Tamerlano
l'une des productions
haendéliennes les plus réussies de ces
dernières années.
Dramma per musica
en trois actes,
livret de
Niccolò Francesco Haym d’après Agostino Piovene.
Création :
Londres, King’s Theatre, Haymarket,
31 octobre 1724.
Chœur et orchestre duTeatro Real
(chœur et orchestre symphonique de Madrid).
Dir.:
Paul McCreesh.
Mise en scène :
Graham Vick.
Décors et costumes :
Richard Hudson.
Lumières :
Giuseppe Di Lorio.
Chorégraphie :
Ron Howell.
Avec
Monica Bacelli (Tamerlano), Plácido Domingo
(Bajazet), Ingela Bohlin (Asteria), Sara Mingardo
(Andronico), Jennifer Holloway (Irene),
Luigi De Donato (Leone).
Réal.:
Ángel Luis Ramírez.
Prod.:
Opus Arte /Teatro Real, 2008 ; durée : 3h40.
Samedi 21 février
à 14 h
Dimanche 11 janvier
à 15 h
Flavio
Tamerlano
Séance présentée par Jan Assmann
1,2-3 6-7,8-9,10-11,12
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