En 1453, Mantegna épouse Nicolosia, la soeur de Giovanni Bellini, et noue ainsi des rapports étroits avec le plus grand atelier de peinture à Venise, que dirige son beau-père Jacopo. Les échanges intenses d’idées entre les deux beaux-frères et le jeu d’influences qui en résulte auront des répercussions fondamentales sur les destinées de la peinture en Italie.
Des personnages qui composent le Polyptyque de saint Luc, entrepris par Mantegna en 1453, c’est la Sainte Justine qui se ressent le plus de la veine tendre de Giovanni Bellini, comme la Vierge et l’Enfant entourés de deux saints que son style incite à placer dans ces mêmes années.
Si Jacopo demeure fidèle dans ses paysages visionnaires au monde du gothique finissant, Giovanni se montre très tôt réceptif à l’art de Donatello, par exemple dans la prédelle relatant des épisodes de la vie de Drusienne. Les miniatures de la Passion de saint Maurice et de la Géographie de Strabon comme la Madone de Pavie trahissent également l’ascendant de Mantegna mais celui-ci sera de courte durée. Dès 1460, avec l’émouvant Christ bénissant qui, par sa matière brillante et son inspiration pathétique, atteste la séduction exercée par les maîtres flamands, notamment Rogier van der Weyden, Giovanni est en possession d’un style personnel.