Dossier pédagogique Naples à Paris

DOSSIER PÉDAGOGIQUE 17 FICHE ŒUVRE Naples à Paris Apollon et Marsyas Jusepe de Ribera (1591-1652) Luca Giordano (1634-1705) 1637 (Ribera) 1660 (Giordano) Huile sur toile H. 182 cm ; L. 232 cm (Ribera) H. 205 cm ; L. 259 cm (Giordano) Museo e Real Bosco di Capodimonte Présentées Aile Denon, niveau 1, salle 716 (Grande Galerie) Ces deux peintures possèdent un thème commun, tiré des mythes antiques, de nombreuses similitudes, elles sont pourtant distantes de plus de vingt ans l’une par rapport à l’autre. Selon le texte des Métamorphoses du poète latin Ovide, le satyre Marsyas, mi-humain mi-animal, affirmait avec audace être meilleur musicien qu’Apollon. Défiant Apollon lors d’un concours, il est vaincu. Ne souhaitant accorder aucun pardon, Apollon condamne Marsyas à une mort atroce puisqu’il est écorché vif. Nos deux artistes choisissent ce moment particulièrement dramatique qui précède directement le supplice. Apollon triomphe, c’est un vainqueur jeune et rayonnant de beauté que Ribera représente, un jeune homme plus tempétueux et plus agité que Giordano choisit de figurer en pleine action. Aux pieds du dieu, le supplicié qui sent la violence de sa mise à mort hurle et se démène, le visage déformé par l’effroi. Ribera, comme Giordano, joue à opposer les deux personnages principaux, mettant le mouvement et l’agitation de Marsyas en opposition à la noble figure divine d’Apollon, rayonnante de victoire. Les visages sont traités de manière totalement différente, brun et buriné pour le satyre, étincelant et relativement calme pour le dieu. Le moment met aussi en évidence la victoire de la beauté et de la jeunesse du dieu face à la laideur et l’âge plus avancé du satyre. Le réalisme est présent dans les deux compositions. Celui du visage de Marsyas, déformé par la douleur, bouche grande ouverte. Celui des visages désespérés des personnages, d’autres satyres, qui assistent au supplice et se prennent la face entre les mains. Le réalisme des anatomies enfin, en particulier dans la musculature fine et tourmentée du supplicié. La position dans laquelle ce dernier est placée est intéressante : on figure en général Marsyas suspendu à un tronc d’arbre, sans possibilité de se débattre réellement à cause de l’étirement de ses membres. Apollon est alors placé devant lui, déchirant finement sa peau. Ici, Marsyas est projeté sur le sol, seul artifice qui permet un rendu dramatique des mouvements de celui qui connaît une intense douleur et qui s’agite violemment pour chercher à y échapper. Ribera, comme Giodano, ont développé à Naples un art des éclairages dramatiques directement influencé par le travail de Caravage qui, au début du siècle, a résidé sur place. Si Ribera laisse encore de la place à la lumière dans son magnifique ciel, Giordano nous plonge dans un univers sombre et violent. D’autres œuvres de Giordano et de Ribera provenant de Capodimonte sont exposées dans la même section de la salle 716 et en salle 717, les peintures de Ribera du Louvre sont présentes sein des collections espagnoles salle 718.

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