Dossier pédagogique Naples à Paris

DOSSIER PÉDAGOGIQUE 15 FICHE ŒUVRE La Flagellation Michelangelo Merisi dit Le Caravage (1571-1610) 1607 Huile sur toile H. 286 cm ; L. 213 cm Museo e Real Bosco di Capodimonte Présenté Aile Denon, niveau 1, salle 716 (Grande Galerie) Quatre personnages sont disposés dans cette grande composition. Au centre, Jésus est attaché à une haute colonne en grande partie noyée dans la pénombre. Trois bourreaux s’affairent autour de lui : le premier, à droite, fixe à la colonne les liens qui l’entravent ; le deuxième, à gauche, lui maintient la tête en tirant avec force sur ses cheveux. Le troisième est en train d’attacher entre eux les éléments qui forment un fouet. La couronne d’épines est posée sur la tête du Christ. L’anatomie simple du corps de Jésus, vivement éclairée, tranche avec la puissance bestiale des autres personnages, elle repose sans doute sur des modèles antiques. Leur peau sombre s’oppose à la blancheur de celle du Christ, leurs visages réalistes et emprunts d’une grande violence contrastent avec celui plus résigné de Jésus, tourné vers le sol. Une remarque s’impose immédiatement : dans le texte biblique, la flagellation précède le couronnement d’épines. Ici, le corps magnifié de Jésus au supplice ne porte aucune trace des coups qui doivent marquer ses chairs. Sommes-nous avant la flagellation, comme le geste du bourreau qui prépare son fouet pourrait le laisser croire ? La peinture de Caravage est baignée dans les ténèbres d’un espace faiblement éclairé et qui fait disparaitre tout élément autre que les principaux personnages : le fond est totalement sombre. La lumière frappe le corps de Jésus et en fait l’élément central de la composition. Elle vient mettre en avant certains détails de l’anatomie des bourreaux : un visage, des membres en pleine action, une épaule ou une partie de dos marquée par l’effort. Cette utilisation dramatique des éclairages est sans doute la plus grande innovation introduite par Caravage dans l’histoire de l’art occidental ; elle aura une influence déterminante sur les générations suivantes en Italie mais aussi dans le reste de l’Europe. L’art du Caravage est construit sur un travail dramatique de la lumière et l’artiste sait en accentuer les effets jusqu’à les rentre parfois irréels. Le choix de personnages aux anatomies puissantes mais aux physiques et aux visages populaires et grossiers causera scandale dans la Rome des premières années du 17 e siècle où domine le classicisme des Carrache. On lui reproche souvent de donner à ses Vierges des allures de matrones, à ses apôtres des physiques de gens du peuple peu adaptés à des personnages bibliques. Poursuivi pour avoir trempé dans de sombres affaires, il quitte Rome pour travailler en Italie du Sud et à Malte où il développe un art encore plus dramatique. Le Louvre possède, exposés à proximité, trois chefs d’œuvre du Caravage dont la Mort de la Vierge qui fit scandale à l’époque de sa réalisation par son réalisme et la manière peu orthodoxe qu’il a de figurer la mère de Jésus comme une femme du peuple allongée de manière vulgaire sur un lit défait. Naples à Paris

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