Dossier pédagogique Naples à Paris

DOSSIER PÉDAGOGIQUE 12 FICHE ŒUVRE Naples à Paris La Transfiguration du Christ Giovanni Bellini (vers 1430-1516) Vers 1478-1479 Huile sur bois H. 115 cm ; L. 154 cm Museo e Real Bosco di Capodimonte Présenté aile Denon, niveau 1, salle 710 (Grande Galerie) La Transfiguration est un épisode de la vie de Jésus racontée dans le Nouveau Testament. Il explique comment, pendant sa vie terrestre, Jésus s’est montré durant un court instant en tant que fils de Dieu, dans toute sa splendeur divine, en présence de trois de ses disciples, Pierre, Jacques et Jean. Pendant cet épisode important qui se déroule sur le mont Tabor, Jésus s’entretient avec Moïse et Élie, prophètes de l’Ancien Testament. Dans cette peinture, Giovanni Bellini aborde pour la seconde fois le thème de la Transfiguration. Environ 30 ans plus tôt, vers 1453-1455, il avait déjà peint un panneau sur le même sujet (Venise, musée Correr), plus archaïque et plus simplement composé. Dans cette seconde version du même épisode, il adopte une construction moins traditionnelle. Jésus est au centre, encadré des deux prophètes de l’Ancien Testament. Sa tunique d’un blanc immaculé rappelle le texte biblique qui fait allusion à son habit de lumière. Moïse et Élie sont statufiés de part et d’autres et portent à la main le rouleau de texte qui désigne traditionnellement les prophètes. À leurs pieds, les trois apôtres sont agenouillés ou tombés au sol, effrayés par la vision qui leur est donnée. La peinture est construite en plusieurs plans. Un premier est composé d’une fragile barrière de bois sur laquelle est fixée le cartellino qui porte la signature du peintre. Une paroi rocheuse nous sépare de la scène principale avec les apôtres sur le devant, le Christ encadré des prophètes derrière. Un très vaste paysage ferme la composition. Le tableau de Bellini est caractéristique du travail de l’artiste en pleine maturité. Les personnages sont traités comme des statues antiques dont les volumes sont soulignés par un jeu très élaboré de draperies. La gamme de couleurs est riche et brillante et annonce la richesse des écoles vénitiennes dans ce domaine. Mais l’élément le plus extraordinaire reste le paysage dans lequel la scène est installée. Son goût pour la figuration de la nature est caractéristique. Bellini est marqué par l’influence d’Andrea Mantegna, passionné par le rendu presque illusionniste des matériaux, comme ici les rochers du premier plan, agrémentés d’une maigre végétation qui vient pousser dans les fissures et entre les blocs. L’ampleur et la douceur du paysage d’arrière-plan est novatrice. Bellini sait placer ses personnages devant une calme prairie noyée dans la lumière. La campagne, comme les montagnes qui ferment l’horizon, est peuplée de routes et de chemins sur lesquels figurent quelques personnages. Partout, des constructions élaborées sont placées, maisons et tours fortifiées. En réalité, la nature n’est plus simplement un décor mais plutôt un élément essentiel de la composition, c’est en son cœur que les personnages sont installés. Sur la même cimaise, sont présentées des œuvres de Giovanni Bellini appartenant aux collections du Louvre ainsi que deux œuvres de Antonello de Messine, sensiblement contemporaines. La Crucifixion de Mantegna, présentée à l’entrée de la salle, permet une comparaison intéressante avec le paysage du tableau de Bellini.

RkJQdWJsaXNoZXIy NDYwNjIy