Dossier pédagogique Léonard de Vinci

6 Qu’est-ce que cela apporte de nouveau? V. D. : nous proposons de nouveaux chapitres dans la vie de Léonard, dans lesquels ses acquis ne correspondent pas à ses déplacements. Par exemple, la première césure se situe dans les années 1470, quand il conquiert une liberté graphique fascinante et définitive en ne cherchant plus, comme dans les beaux dessins de Pollaiuolo, à tracer une ligne continue pour reproduire parfaitement les formes. Désormais, il dessine des contours discontinus, superpose les idées, fragmente, déforme les anatomies. Il cherche avant tout à capter le mouvement et l’énergie ainsi que l’interaction entre les figures pour raconter une histoire. Dans cette pratique très nouvelle, qu’il appellera le componimento inculto, mot à mot la « composition inculte », ce qui importe, c’est le mouvement. Il faut aussi mettre en relation cette grande liberté graphique et les conseils qu’il prodigue dans ses écrits de s’exercer, pour inventer, à observer des formes en apparence incohérentes, les nuages, les taches sur les murs. À force de revenir sur ses idées, ses propres dessins deviennent eux aussi des sortes de taches à l’intérieur desquelles il découvre des formes qui conviennent à son histoire. Léonard de Vinci, Étude pour la sainte Anne : le manteau de la Vierge, vers 1507-1510, pierre noire, lavis de pierre noire, pigments blanc et noir appliqués à la détrempe, coll. musée du Louvre. Léonard de Vinci, Tête de femme presque de profil, pointe de métal sur papier préparé bleu pâle, rehauts de blanc, coll. musée du Louvre.

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