Images du Louvre - Dossiers documentaires

La Dentellière / Dossier documentaire 5 Que l’on considère les valeurs plastiques – espace, couleur, matière – ou les éléments représentés – la dentellière accompagnée des accessoires et du mobilier –, c’est bien la lumière qui donne à l’œuvre son unité. Cette lumière irradie l’ensemble du tableau et si sa source est déterminée (à notre droite), elle n’est pas précisée. L’ensemble se détache sur un fond gris clair qui descend jusqu’à l’angle inférieur droit. La neutralité de ce fond et, dans une certaine mesure, celle de la couleur brune permettent à Vermeer de réduire ici sa palette aux deux couleurs qui sont les plus significatives de sa peinture : le jaune et le bleu. Le jeu subtil entre le flou et le net a une valeur esthétique et n’a rien de systématique. Il concerne le plus ou moins proche, le centre aussi bien que les bords, des éléments presque juxtaposés (coulures et taches des fils blancs et rouges, mains et visage). Ce tableau est aussi une image du travail qui réussit à concilier la sensualité de la présence féminine avec la matérialité des choses. La Dentellière est représentative de la peinture hollandaise du 17 e siècle et de l’art de Vermeer. En effet, l’attention prêtée par le spectateur à regarder le tableau est comparable à l’attention donnée par le peintre et par la dentellière, celle-ci pour faire son ouvrage, celui-là pour réaliser son œuvre. notions clés Scène de genre ou peinture de genre : terme regroupant des scènes de la vie quotidienne dont les protagonistes sont des êtres humains anonymes. La peinture de genre était considérée par l’Académie comme inférieure à la peinture d’histoire, mythologique et religieuse. Elle remporte cependant un vif succès auprès des amateurs du 18 e siècle. En 1766, Diderot (1713-1784) dans ses Essais sur la peinture en donne la définition suivante : «On appelle du nom de peintres de genre indistinctement et ceux qui ne s’occupent que des fleurs, des fruits, des animaux, des bois, des forêts, des montagnes, et ceux qui empruntent leurs scènes à la vie commune et domestique. » Cette peinture, qui se veut réaliste, ne se réduit pas à la description objective de la réalité mais elle est inséparable d’un contenu idéologique : les scènes de genre cachent en général des messages religieux et moraux. Il faut attendre le 19 e siècle pour que la peinture de genre soit reconnue à sa juste valeur. Chambre noire ou chambre optique (ou « camera obscura ») : appareil optique permettant d’obtenir d’un objet physique une image, une projection nette. C’est une sorte de boîte dans laquelle la lumière pénètre par un petit trou ou par une lentille convergente, qui est fermée à l’opposé par un papier blanc peu épais ou un verre dépoli. Elle est utilisée par les peintres hollandais au 17 e siècle (Vermeer) et les peintres de paysages italiens (Canaletto). Elle est l’ancêtre de la photographie au 19 e siècle. Plan : terme faisant référence aux différentes surfaces verticales et parallèles qui s’échelonnent dans une représentation plastique en deux dimensions (une peinture par exemple), de manière à donner une illusion de profondeur. La plus proche du spectateur est dite premier plan, celle intermédiaire est dite plan médian, tandis que la plus éloignée est dite arrière-plan. Le plan horizontal passant par l’œil de l’observateur est dit plan d’horizon.

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