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116 - Rapport d’activité - 2015

Interview de M. Daniel Percheron,

sénateur

du Pas-de-Calais

Alors que le

Louvre-Lens

célèbre ses trois

ans d’existence,

a-t-il atteint ses

objectifs initiaux ?

L’effet «Bilbao »,

le musée qui change

la vie, change la ville,

n’atteindra jamais tout

à fait ses objectifs.

Ils sont tellement

ambitieux ! La région

Basque a construit

un musée, refondé sa

capitale industrielle,

ouvert le territoire

sur le monde. Elle

bénéficie de 90 % de la

fiscalité totale de l’État

et de la Région. Le

Louvre-Lens, soutenu

d’abord par le conseil

régional du Nord –

Pas-de-Calais,

défriche petit à petit

ces dossiers complexes.

Il a néanmoins permis

de dessiner le pôle

métropolitain lensois

autour d’un musée

indiscutable. Ainsi,

« l’archipel vert »

remplace petit à petit

l’ancien « archipel

noir », celui des corons

chantés par le peuple

de Bollaert. Les

cités-jardins offrent

leur géométrie, classée

Unesco, à la troisième

révolution industrielle.

Quelle révolution pour

les enfants de la mine

et du charbon ! Enfin,

fort de cette

dynamique, le RER

Lille-Lens

rapprochera deux

millions d’habitants.

Quels sont,

d’après vous, les

principaux défis

que le Louvre-

Lens aura à relever

dans les années

à venir ?

Le musée du Louvre,

le musée de la

Convention (1792-

1795), a été fondé par

le peuple et pour le

peuple. À Lens, niché

au cœur de l’épopée

industrielle, campé sur

l’histoire de la classe

ouvrière de notre pays,

il défie le temps

et la culture, exception

emblématique

française. Dans les

années à venir, je vois

trois défis. Le premier

concerne la gratuité

de la galerie du Temps.

Là est le socle du

succès populaire,

de l’adhésion citoyenne.

Être fidèle à la part

de génie d’Henri

Loyrette, de Jean-Luc

Martinez, du Louvre,

c’est d’abord être fidèle

à la gratuité de la

galerie du Temps.

Depuis le TNP

de Jean Vilar et

de Gérard Philippe,

la galerie du Temps

représente la

principale butte-

témoin de la

démocratisation

culturelle. Le

deuxième consiste

à créer l’événement

plus que l’exposition.

La concurrence est

rude. Les villes

rivalisent. Le Louvre-

Lens doit créer

l’événement chaque

année, sans douter

de lui, de son immense

héritage, de sa magie.

Le musée doit être

prêt à bondir sur

toutes les audaces.

Enfin, les élus, les

entreprises, les citoyens

doivent se mobiliser

pour le guider vers

le succès, la notoriété.

Pendant vingt ans,

le plus grand musée

du monde affichera les

allures et les promesses

d’un vaste chantier.

Le bassin minier n’a

jamais ressemblé

à la Silicon Valley, et

pourtant ! En greffant

un autre Louvre sur

le patrimoine génétique

de notre Région,

Jacques Chirac, Henri

Loyrette, les élus du

bassin minier ont fait

le pari d’un raccourci

vers la modernité.

Même en Californie,

vous ne rencontrerez

pas une aussi

conquérante start-up.

Vive le Louvre-Lens !