Dossier pédagogique Léonard de Vinci

4 Léonard de Vinci ou « la liberté de ne jamais rien finir » Rencontre avec Vincent Delieuvin et Louis Frank, commissaires de l’exposition « Léonard de Vinci » (24 octobre 2019 – 24 février 2020). Propos recueillis par Valérie Coudin pour le magazine Grande Galerie (n°49). L’exposition «Léonard de Vinci » n’est pas une rétrospective «classique» : elle défend une interprétation forte du génie de l’artiste qui, grâce à la science, dont l’étude est infinie, se lance avec passion dans la quête d’une peinture parfaite, image jamais achevée de la complexité du monde. Quels sont les enjeux de cette exposition? Vincent Delieuvin : replacer la peinture au centre de l’œuvre et de la pensée de Léonard de Vinci. L’essentiel de la colossale bibliographie qui lui est consacrée véhicule l’idée que la peinture serait pour lui avant tout une «chose mentale», qu’il aurait passé l’essentiel de son temps à concevoir, à chercher des idées. Les expertises scientifiques menées à l’occasion des restaurations de la Sainte Anne, du Saint Jean Baptiste et de la Belle Ferronnière, l’étude des copies d’atelier mais aussi de ses écrits révèlent que la réalité est tout autre. Il a conçu très vite les compositions et ce qui l’a surtout occupé, c’est l’exécution picturale, qui est pour lui la partie la plus noble, une véritable recréation de la nature. Il a été formé dans l’atelier florentin d’un très grand maître, Andrea del Verrocchio, qui est essentiellement sculpteur. Quel a été le rapport de Léonard à la sculpture? Louis Frank : la première partie de l’exposition se déploie autour du grand bronze de Verrocchio, L’Incrédulité de saint Thomas, et des Études de draperies de Léonard, intimement liées à la création de cette extraordinaire sculpture. Ces études admirables sont bien autre chose qu’un simple exercice. Elles sont pour Léonard un prétexte à l’apprentissage de l’ombre et de la lumière, à l’analyse du clair-obscur. Ce sujet le distingue de tous les autres peintres et illustre son passage de l’univers de la sculpture à l’univers de la peinture ou, plus précisément, à ce que sera sa peinture : un art fondé sur la construction de l’espace par la lumière. Dans toutes ses grandes compositions, de la Vierge aux rochers à la Joconde, on retrouvera la marque des Études de draperies.

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