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C’est un genre qui naît dès la fin du règne de Louis XVI, époque à laquelle les sujets médiévaux tirés de l'histoire de France commencent à rencontrer un certain succès. Sous la Restauration et la Monarchie de Juillet, la peinture troubadour est très en vogue et cet intérêt s'explique par le goût pour l'histoire et le patrimoine qui se manifeste alors auprès de nombreux commanditaires privés, séduits par des œuvres de petit format au faire délicat et raffiné. L’essor du genre s’explique aussi pour des raisons politiques : la restauration de la monarchie en France remet à la mode l'histoire des héros de la chevalerie et des rois. La peinture troubadour souvent inclue dans le courant romantique a été développée - et ce n'est pas un de ses moindres paradoxes - par des élèves de l'atelier de David, ceux que l'on a appelé les "Aristocrates". Alors que David était le chef de file du néoclassicisme et que son enseignement se référait à l'art gréco romain tant d'un point de vue formel qu'iconographique, les "Aristocrates" rompent avec leur maître. Ce groupe comprend des peintres comme le lyonnais Pierre Révoil, François Fleury Richard, ou François Marius Granet et Auguste de Forbin. Leurs références esthétiques se trouvent chez les peintres flamands et hollandais ou chez les Primitifs italiens et en cela ils rejoignent un courant qui se développe en Allemagne celui des Nazaréens autour de Franz Pforr (1788-1812) Ingres se rattache à cette mouvance par la remise en question de l’enseignement davidien et de la tradition classique. Bien qu’admirateur de l’art antique, il puise dans l’art byzantin et dans l’art médiéval, chez les peintres flamands (notamment Jean Van Eyck) et surtout chez Raphaël et cela avant même son séjour romain. Tandis qu’il est à Rome, les Nazaréens influencés par la première Renaissance, celle de Masaccio et de Masolino, décorent le couvent de San Isidoro. La parenté stylistique des œuvres d'Ingres avec les leurs est alors manifeste. Ingres est donc un « peintre d’avant-garde » quand il peint dans le genre troubadour mais son style reste personnel.


Scailliérez Cécile, François 1er et ses artistes, RMN, Paris, 1992


Chaudonneret M.-C., L'État et les artistes de la Restauration à la Monarchie de Juillet, Paris, Flammarion, 1999