Trajectoires - Faits marquants 2024
25 Bilan d’activité - 2024 Questions à Hélène Guichard, conservatrice générale, adjointe au directeur du département des Antiquités égyptiennes Comment est né ce partenariat inédit avec le Centre hospitalier de Lens ? La volonté du département des Antiquités égyp- tiennes de faire bénéficier ses momies de méthodes d’investigation et d’imagerie de type médical n’est pas récente. Mais ce n’est qu’en 2014, à l’occasion de l’exposition sur les animaux au Louvre-Lens, qu’une première expérience a pu être menée dans un cabinet vétérinaire de région parisienne, équipé d’un scan- ner, sur une quinzaine de momies animales : chats, chiens, poissons, faucons, ibis, serpents et même crocodiles. Les résultats en avaient été si riches d’enseignements que l’idée de poursuivre l’aventure ne nous a plus quit- tés. Cependant, l’organisation complexe de telles opérations et la difficulté à mettre en œuvre de tels partenariats avec des hôpitaux parisiens, souvent surchargés, ont freiné nos espoirs. Mais le transfert des momies humaines au Centre de conservation du Louvre à Liévin et l’implication de sa directrice, Marie- Lys Marguerite, ont changé la donne : les contacts qu’elle a pu prendre avec le Centre hospitalier de Lens et l’argumentation que nous avons présentée à l’équipe médicale ont convaincu celle-ci de l’intérêt de l’opération et de sa faisabilité. La mise à disposition gracieuse du matériel médical et de ses opérateurs en soirée permettait de surcroît de ne pas porter pré- judice à la légitime et prioritaire prise en charge des patients de l’hôpital. Quelles étaient vos attentes lors du scanner de la momie Neha ? Il était important pour nous d’en savoir un peu plus sur cette momie inaccessible puisque toujours enfermée dans son enveloppe de cartonnage poly- chromée. Invisible à l’œil nu, le corps de Neha dont les inscriptions hiéroglyphiques qui figurent sur son cartonnage indiquent qu’il était scribe voilà près de trois millénaires, ne pouvait livrer aucune information sans le recours aux rayons X et le scanner repré- sentait le moyen idéal de confirmer son sexe, de connaître son âge et son état de santé au moment du décès. Nous souhaitions également déterminer le type de momification mise en œuvre (éviscération, excérébration, emplacement de l’incision, etc.), révé- lateur d’une époque et de ses pratiques funéraires. La présence éventuelle d’accessoires (paquets canopes, amulettes prophylactiques, bijoux…) sus- citait également notre curiosité. Laquelle n’a pas été déçue puisqu’une plaque protectrice de l’incision des embaumeurs, un collier composé de quatre amu- lettes et un scarabée de cœur ont été décelés avec une netteté que seul permet le scanner. C’est la première fois qu’une des momies du Louvre est scannée. Comptez-vous renouveler cette expérience? Notre souhait est bien entendu de poursuivre l’expé- rience et de collecter petit à petit une somme d’in- formations inespérées sur l’ensemble des momies conservées au département, avec des probléma- tiques différentes selon les cas. Mais cela n’est envi- sageable qu’avec l’accord et le soutien de l’équipe du Centre hospitalier de Lens et l’opération pilote ayant remporté tous les succès escomptés, celle-ci nous a confirmé son accord pour renouveler régulièrement l’expérience au cours des mois qui viennent et faire ainsi bénéficier de l’examen la totalité de ces patients un peu particuliers… Nous souhaitions que les momies puissent bénéficier de méthodes d’investigation et d’imagerie de type médical.
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