Trajectoires - Faits marquants 2024

Le Louvre en mouvement Bilan d’activité - 2024 18 Figure d’applique de Grandmont, le «prince des apôtres » rejoint saint Matthieu Inconnue jusqu’à il y a peu, cette monumentale figure d’applique de saint Pierre, bien identifiée par son ins- cription et son attribut, les clefs du Royaume, vient compléter un des plus exceptionnels ensembles de l’œuvre de Limoges. Ces apôtres viennent probablement de l’autel de l’ab- baye de Grandmont, dont le décor fut vendu sous forme de fragments au « sieur Coutaud », fondeur à Limoges, en 1791. De ce naufrage ont survécu six figures d’apôtres, ressurgissant dans des collections formées durant la première moitié du 19 e siècle et toutes conservées aujourd’hui dans des institutions publiques : musée de l’Ermitage (Saint-Pétersbourg), musée du Bargello (Florence) ou encore musée du Petit Palais (Paris) et Metropolitan Museum (New York). Avec la collection d’Edme Durand, le Louvre acquit en 1825 la première de ces figures d’applique, saint Matthieu. Le saint Pierre, quant à lui, avait été acheté dans les années 1830 à Paris par un membre de la famille Thureau-Dangin, et il demeura incognito dans cette famille jusqu’à sa vente au Louvre en 2023. Exécuté vers 1230, le groupe dit des « apôtres de Grandmont » offre un témoignage exceptionnel sur la réception et la diffusion du style gothique du nord de la France dans le sud de la France. Aucunautre élément de ce devant d’autel n’était réapparu depuis plus d’un siècle, et on pouvait penser que le «sieur Coutaud» avait fondu le reste des apôtres pour en récupé- rer le cuivre. L’acquisition du saint Pierre a donc été une occasion inespérée de poursuivre la reconstitution de ce monument de l’art gothique et d’enrichir les collections du Louvre, références pour l’œuvre de Limoges. La Vierge du Buisson , une icône du règne d’Ivan le Terrible Le musée a fait l’acquisition d’une icône de dévotion privée, figurant la Vierge du Buisson, réalisée vers 1565- 1575 dans l’un desmeilleurs ateliers de sculpture sur bois de Rostov Veliky, en Russie centrale. Finement sculptée en bois et rehaussée de sa polychro- mie d’origine azur, rouge et or, cette icône présente une iconographie singulière, appelée en russe Neopalimaya Kupina, soit «Buisson ardent». La dévotion à la Vierge Marie prend alors une nouvelle ampleur en Russie : l’hymnographie mariale s’impose dans la liturgie orthodoxe et trouve un écho auprès des iconographes. Poème mystique mis en image, qui glorifie la concep- tion virginale de Jésus, le thème illustré ici révèle l’ac- complissement des prophéties de l’Ancien Testament sur l’Incarnation : le Buisson ardent, par lequel Dieu se révèle à Moïse au Sinaï, y est associé à la représentation de la Vierge à l’Enfant. L’exégèse chrétienne interprète la manifestation de Dieu dans le buisson comme une préfiguration de l’Incarnation : le feu divin a embrasé le buisson sans le calciner de la même manière que le Christ, lui aussi désigné comme «Feu divin», s’est incarné, sans altérer la virginité de sa mère. Un objet rare car interdit Les icônes sculptées ayant été interdites au 17 e siècle par le patriarche Nikon (1652-1666), ces objets pré- cieux sont rares dans les collections publiques. D’une exceptionnelle provenance, l’œuvre est le témoin pré- coce de la naissance d’une iconographie particulière au monde slave et rare exemple de la petite sculpture sur bois du règne d’lvan le Terrible. LE MOT DE Maximilien Durand, directeur du département des Arts de Byzance et des Chrétientés en Orient «Malgré sa complexité iconographique, le thème de la Vierge du Buisson connaît un immense succès en Russie. En 1680, il est inscrit au calendrier de Le saint Pierre, acheté dans les années 1830 à Paris par un membre de la famille Thureau-Dangin, demeura incognito dans cette famille jusqu’à sa vente au Louvre.

RkJQdWJsaXNoZXIy NDYwNjIy