Trajectoires - Faits marquants 2024
17 Bilan d’activité - 2024 une loggia d’un curieux style gothico-mauresque, ouverte sur un ciel pur ; il les revêt de bijoux et de robes évoquant la première Renaissance italienne. La palette claire et acidulée, la facture lisse et la limpidité des formes sont à l’unisson de cette recherche d’une naïveté primitive. Enfin, l’effigie prend un tour allé- gorique grâce à d’abondants signes traduisant le tem- pérament opposé et complémentaire des deux sœurs, qui se différencient par la direction de leur regard, la couleur de leur robe ou le métal de leurs bracelets. De proportions invraisemblables, les larges feuilles intriguent par leurs propriétés réfléchissantes et nous alertent sur le caractère tardif du portrait : l’idéal nazaréen n’est plus accessible. Il se charge ici d’un symbolisme capiteux et d’un réalisme magique, annonciateurs involontaires de la Nouvelle Objectivité de l’entre-deux-guerres. Un pont se des- sine ainsi entre un Dürer de 1490, le Seel de 1840 et un Christian Schad de 1930, qui fait la saveur de la dynamique artistique allemande des 19 e et 20 e siècles. Vase du Monument à Dante et à Pétrarque de Henry de Triqueti, une ode du 19 e siècle à la poésie italienne Créé par Henry de Triqueti pour les appartements du pavillon de Marsan, résidence du prince Ferdinand Philippe d’Orléans (1810-1842) au palais des Tuileries, le Monument à Dante et à Pétrarque était constitué d’un vase en bronze et d’un pié- destal en marbre et bronze. Exposé au Salon de 1838 qui se déroulait alors dans les salles du Louvre, le vase fut remarqué par la critique qui salua à la fois la qualité de la fonte, réalisée par Louis Richard, Eck et Durand, et son iconographie. Démembré au 20 e siècle, le Monument à Dante et à Pétrarque n’était jusqu’alors connu que par des dessins conservés à l’École natio- nale supérieure des beaux-arts de Paris et par trois délicates statuettes en bronze placées dans les niches du piédestal, Béatrice, Laura et Vittoria Colonna , acquises par le musée du Louvre en 2000. L’un des sculpteurs les plus appréciés du fils aîné du roi Louis-Philippe et représentant émérite du roman- tisme en sculpture, Triqueti est l’auteur des monu- mentales portes en bronze de l’église de la Madeleine ainsi que de la décoration murale de la chapelle du prince Albert au château de Windsor. Question à Stéphanie Deschamps-Tan, conservatrice en chef au département des Sculptures Pourquoi l’acquisition de ce vase est-elle d’une importance majeure pour le musée ? Le Vase du Monument à Dante et à Pétrarque , dont l’histoire est liée au musée du Louvre, est un chef- d’œuvre statuaire, alliant raffinement des détails, virtuosité du modelé et du traitement des différents niveaux de relief ainsi que qualité de la fonte. Henry de Triqueti, sculpteur majeur sous la monarchie de Juillet, est par ailleurs parvenu à magnifier une iconographie érudite, une ode à la poésie italienne. Sont ainsi figurés, d’un côté Dante aux Enfers présenté par Virgile à Homère, de l’autre, le triomphe de la chasteté symbolisé par Laure, victorieuse de l’Amour, d’après le poème de Pétrarque. Sur les anses, des figures ailées semblent personnifier l’inspiration de chacun des deux poètes. Cette œuvre inédite, dont nous guettions la réapparition avec grand intérêt, vient rejoindre le fonds de peintures et sculptures, déjà conservées au musée, issues de la collection du duc d’Orléans, ce mécène visionnaire au goût fastueux et indépendant qui a soutenu les meilleurs artistes de son temps tels Delacroix, Ingres ou encore Barye. Cette œuvre inédite, dont nous guettions la réapparition avec grand intérêt, vient rejoindre les peintures et les sculptures déjà conservées au musée, issues de la collection du duc d’Orléans.
RkJQdWJsaXNoZXIy NDYwNjIy