Trajectoires - Faits marquants 2024
15 Bilan d’activité - 2024 élan. La principale surprise pour les restauratrices a sans doute été la robe de la Liberté, que l’on croyait uniformément jaune. Lors d’un premier test effectué en bas de celle-ci, nous avons découvert avec étonnement qu’elle était en réalité d’un gris très léger. En étendant le nettoyage, nous avons compris que Delacroix avait commencé par travailler l’ensemble de cette robe dans des tons blancs et gris, avant d’ajouter, par touches, du jaune vif en différentes densités, très couvrantes au niveau du buste, puis de plus en plus fragmentaires en descendant le long des jambes. Un aspect volontairement « dégradé » ou « délavé » qui était resté incompris au cours du 20 e siècle, et notamment lors de la dernière restauration de 1949 qui avait cherché à uniformiser la teinte de la robe, en maintenant une couche épaisse de vernis sur toute sa surface, et en ajoutant des rehauts orangés dans les plis et les contours. Une fois retirés ces repeints très solubles, il est apparu que ce dégradé jaune accentuait l’effet de mouvement de sa robe et sublimait le buste de la Liberté. Sa poitrine est encadrée par le jaune pur de son bustier, en bas, et par le nimbe doré placé juste derrière sa tête, désormais bien distinct de la fumée blanche présente ailleurs. Point le plus chaud de l’œuvre, complément aux deux autres couleurs primaires omniprésentes, le bleu et le rouge, ce jaune renforce également le caractère allégorique, presque divin, de la Liberté. Raccrochage de La Liberté guidant le peuple après restauration La Liberté guidant le peuple fait partie de ces rares œuvres qui toujours « se rechargent » en fonction du contexte politique, social, culturel dans lequel on les regarde.
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