Trajectoires - Faits marquants 2024
Le Louvre en mouvement Bilan d’activité - 2024 12 La Vierge du chancelier Rolin de Van Eyck révèle ses secrets Ce panneau est l’un des tableaux à la fois les plus célèbres et les plus mal connus du musée. La Vierge du chancelier Rolin de Jan Van Eyck est un chef-d’œuvre de détails – le visage de Rolin, la couronne de la Vierge, les petits personnages au centre. Ils ont été maintes fois reproduits, découpés, agrandis, juxtaposés. Mais jusqu’à récemment, le panneau, terni et jauni sous ses vernis, peinait à s’imposer sur les murs des salles du musée. Initiée en 2021, la restauration fondamentale, de la couche picturale et du support, dont l’œuvre a fait l’objet a ouvert un nouveau chapitre de son histoire, lui restituant la subtilité de sa lumière et tout l’éclat d’une palette intense et chatoyante, depuis longtemps perdue. Le revers : un trompe-l’œil visuel et tactile La restauration a également permis de reconsidérer un aspect oublié de l’œuvre : La Vierge du chancelier Rolin est peinte en son revers d’un « trompe-l’œil », un motif de faux marbre d’une qualité extraordinaire. Connu depuis longtemps des historiens de l’art, celui-ci n’avait jamais pu bénéficier de l’attention qu’il méritait. Grâce au délicat travail de la restauratrice Annie Hochart, ce spectaculaire carré de marbre peint a pu retrouver son éclat et sa force. Le revers de La Vierge du chancelier Rolin témoigne de la virtuosité du peintre dans cette pratique du trompe- l’œil que l’on trouve en Occident depuis l’Antiquité sur les décors muraux, et en peinture depuis le 14 e siècle. Si la pierre est bien fictive, l’aspect lisse de la surface donne l’impression qu’elle aurait été découpée et polie, à l’image des plaques de marbre incrustées dans les églises. Enfin si l’on pense que l’œuvre avait été conçue pour être transportable, et donc manipulable, la main qui la saisissait touchait directement ce revers dont le contact donne réellement la sensation qu’il s’agit d’une plaque de pierre polie. En plus de tromper l’œil, Van Eyck parvient à tromper la main. Son chef- d’œuvre apparaît dès lors comme un étrange objet et suscite de nouvelles interrogations : quelle fut au juste la commande adressée par le chancelier au peintre ? Pour quel ou quels usages Van Eyck conçut-il une œuvre si complexe à la demande de Rolin? Le Portrait d’Anne de Clèves de Holbein dévoile toutes ses couleurs Réalisée à l’huile sur un parchemin collé sur une toile, l’œuvre représente Anne de Clèves, quatrième épouse d’Henri VIII, en 1539. Commande passée par le roi anglais du 16 e siècle à Holbein le Jeune, artiste d’origine allemande devenu peintre à la cour d’Angleterre, ce portrait devait permettre au roi de choisir son épouse parmi plusieurs prétendantes. Exposée depuis l’ouverture du musée du Louvre en 1793, l’œuvre était déjà décrite à l’époque comme « sombre et encrassée ». Le manque de régularité du parchemin, les déchi- rures, les décollements, ainsi que les salissures et les couches épaisses et irrégulières de vernis oxydé, ont imposé une restauration fondamentale du support ainsi que de la couche picturale de l’œuvre. Tout en préservant l’essence du support, celle-ci a permis de restituer les couleurs éclatantes du tableau, redonnant à la figure son volume tout en la détachant sur un fond désormais d’un bleu lumineux. La lumière égale qui baigne l’ensemble du tableau éclaire la minutie de la représentation du somptueux costume de soie rouge d’Anne de Clèves et surtout celle de son visage, révélant des détails inconnus, comme ce grain de beauté discret au-dessous de la lèvre du modèle. La belle Anne ne sera mariée que six mois à Henri VIII, davantage séduit par le portrait d’Holbein le Jeune que par son épouse. La lumière éclaire la minutie de la représentation du visage d’Anne de Clèves, révélant des détails inconnus, comme ce grain de beauté discret au-dessous de sa lèvre.
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