Agenda du Louvre Septembre 2025-Février 2026
7 LA GALERIE DES CINQ CONTINENTS En 2000, l’inauguration au Louvre du pavillon des Sessions est l’aboutissement d’un long processus. Vingt-cinq ans plus tard, le lieu d’exposition des arts d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques est réaménagé et prend le nom de Galerie des cinq continents. Le musée du Louvre, ouvert en 1793, présente initialement des œuvres européennes et antiques, mais accueille dès ses débuts quelques objets venus d’autres continents. Cette présence soulève une question de fond : le Louvre doit-il rester centré sur les beaux-arts occidentaux ou devenir un musée encyclopédique ouvert aux cultures du monde ? En 1826, l’entrée de 91 objets extra-européens issus de la collection de Dominique Vivant-Denon marque une première ouverture significative. Bien que perçus comme de simples « curiosités », ils sont exposés dans le «musée de Marine » dès 1827, dans un contexte d’expansion coloniale. Cette dynamique s’intensifie avec la création d’un «musée égyptien» dirigé par Champollion en 1827, qui élargit la vocation du Louvre à l’étude des grandes civilisations antiques. À partir de là, les expéditions archéologiques coloniales enrichissent le musée de collections issues d’Algérie, de Mésopotamie ou du Mexique. Le Louvre devient un outil de savoir mais aussi un instrument de rayonnement culturel français, ancrant une vision encyclopédique et impériale. À partir des années 1870, cette ambition universelle est remise en question. Certains objets, comme les antiquités mexicaines, sont reclassés comme « curiosités » et transférés au musée d’ethnographie du Trocadéro. En revanche, les objets asiatiques conservent leur place au Louvre. Certains, comme les laques japonaises de Marie-Antoinette, y sont présents depuis longtemps. D’autres font leur entrée en 1893 pour former le cœur d’un nouveau «musée de l’Extrême-Orient ». En 1932, un département des Arts asiatiques est créé, mais il est dissous en 1945 au profit du musée Guimet. Au 20 e siècle, le débat sur la légitimité des arts extra-occidentaux au Louvre ressurgit. Des artistes et intellectuels, tels Apollinaire et Félix Fénéon, militent pour leur reconnaissance comme œuvres d’art à part entière. La question posée par Fénéon en 1920 – les arts d’Afrique, d’Amérique ou d’Océanie seront-ils un jour au Louvre ? – ne trouve réponse qu’en 2000. Cette année-là, l’inauguration du pavillon des Sessions concrétise un tournant. Soutenu par Jacques Chirac et Jacques Kerchache, ce projet affirme l’égalité des cultures et confirme la vocation universelle du musée. Vingt-cinq ans plus tard, le lieu d’exposition des arts d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques est réaménagé et prend le nom de Galerie des cinq continents. Réouverture en décembre 2025 Avec le soutien exceptionnel de la Fondation Marc Ladreit de Lacharrière, mécène exclusif de l’aménagement extérieur et de l’entrée par la porte des Lions de la Galerie des cinq continents. En partenariat avec le musée du quai Branly- Jacques Chirac. EN LIEN P. 43 À gauche : Aelius César, musée du Louvre À droite : L’Homme bleu , musée du quai Branly-Jacques Chirac MUSÉE DU LOUVRE
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