Trajectoires 2023

Ouvrir le Louvre sur la ville, les territoires et le monde Bilan d’activité - 2023 78 Questions à Maximilien Durand, directeur du département des Arts de Byzance et des Chrétientés en Orient Vous œuvrez à la création du nouveau département du Louvre. Quelle est l’actualité du projet ? Ledépartement desArts deByzanceet desChrétientés en Orient a été créé officiellement le 4 octobre 2022. L’année 2023 a été consacrée à constituer l’équipe (aujourd’hui 17 collaborateurs), rédiger et présenter leprojet scientifique et culturel aux instances de l’établissement, effectuer les premières opérations de transfert de gestion de collections et lancer le concours international de muséographie dont le résultat sera annoncé en octobre 2024. Nous avons également défini la politique d’acquisition du département et créé les outils de recherche de provenance permettant de la conduire. Enfin, deux expositions ont été organisées («Souvenir de Jérusalem» au Louvre-Lens, 5 avril-6 novembre 2023 ; «Aux origines de l’image sacrée. Icônes du musée national des arts Bohdan et Varvara Khanenko de Kyiv» au Louvre, 14 juin 2023-29 janvier 2024) et de nouvelles collaborations internationales créées avec l’Ukraine, Jérusalem ou les Balkans. Quel est le fil rouge muséographique du département ? La collection du Louvre relative aux Arts de Byzance et des Chrétientés en Orient présente une grande diversité. Elle conserve à la fois un fonds archéologique d’importance mondiale (il s’agit de la première collection d’art copte en dehors de l’Égypte), des ensembles remarquables d’objets d’art (ivoires et orfèvrerie, notamment) mais aussi des peintures (icônes). Elle a été constituée alors que n’existait pas de département dédié au sein du musée, et sans politique d’acquisition spécifique. Le premier enjeu muséographique consiste donc à donner une continuité à une collection de référence, mais constituée par segments. L’actualité des années 2022-2023 a aussi imposé un deuxième enjeu majeur, faisant brutalement surgir la nécessité de tenir un propos juste et objectif sur les civilisations qui caractérisent l’Europe orientale, le Caucase, le Proche et le Moyen-Orient. Le département est donc extrêmement connecté à l’actualité et doit permettre au visiteur d’avoir les clefs de compréhension de cette aire géographique et de sa complexité, tout en rappelant que le Louvre, dans sa vocation universelle, est ouvert à toutes les formes de beauté. Enfin, la muséographie du département devra penser ses outils demédiation demanière neuve, afin de rendre intelligible la richesse, la légitimité et la signification de ses collections. C’est pourquoi le propos sera structuré autour d’une idée forte, d’un «fil rouge», qui sera suivi le long d’un parcours chronologique allant du 3 e siècle à 1923. Il s’agira de s’interroger sur le statut de l’image. En effet, les christianismes orientaux ont fondé une véritable théologie de l’image, considérant que l’image sacrée a le pouvoir de susciter la présence réelle du divin. Cette conception de l’image, théorisée aux 8 e -9 e siècles, au moment même où se développaient les arts de l’Islam, peut être considérée comme un véritable trait civilisationnel. On s’interrogera aussi sur les autres images produites dans l’Orient chrétien, mais ne relevant pas du contexte religieux (magie, représentation du pouvoir, images profanes, ornement), pour montrer la singularité de cette conception qui culmine dans l’art de l’icône. Quels rapports, quelles articulations allez-vous mettre en lumière avec les Antiquités grecques, étrusques et romaines et les Arts de l’Islam? Les espaces où se déploieront les salles du département sont physiquement connectés au département des Antiquités grecques, étrusques et romaines et au département des Arts de l’Islam. Pour la première fois, la création d’un nouveau département au Louvre est fondée sur un dialogue étroit entre les différents périmètres de collections du palais.