Trajectoires 2023
Préserver, enrichir et transmettre notre patrimoine culturel et naturel Bilan d’activité - 2023 36 Questions à Stéphanie Deschamps, conservatrice en chef au département des Sculptures et à Sophie Hervet, cheffe du service de la médiation graphique et numérique et cheffe de projet Quel était l’objectif premier de la galeriemultisensorielle? Stéphanie Deschamps : créée en 1995, à proximité du parcours de visite de la collection de sculptures italiennes dans l’aile Denon, la galerie tactile a été un lieu pionnier de l’accessibilité muséale en France où les publics déficients visuels pouvaient découvrir par le toucher des reproductions de sculptures du musée du Louvre. La sélection de moulages illustrait un thème (le corps, les animaux…) qui changeait tous les trois ans. Le département a souhaité en renouveler le discours et la scénographie pour en faire un espace de découverte de la sculpture destiné à tous les publics et offrant des clés de compréhension plus générales sur l’art statuaire. Le département souhaitait ainsi permettre à tous les visiteurs de se familiariser avec l’art de la sculpture du Moyen Âge au 19 e siècle et d’en éprouver la richesse plastique et sensorielle tout en répondant à leurs questions essentielles : en quoi sont faites les sculptures, comment, par qui et pour quel usage... Espace de partage, d’échanges et d’inclusion, ce nouveau lieu, également adapté au jeune public, a aussi été pensé comme un prélude joyeux à la visite des collections permanentes. Quelle est la spécificité du rapport à la sculpture comparé aux autres arts ? Stéphanie Deschamps : c ’est un art qui mobilise une pluralité de sens et appelle en particulier le toucher. Ce qui est interdit dans le musée, pour des raisons de conservation, est clairement encouragé dans ce lieu de découverte. La sculpture est également un art qui se développe dans l’espace, appelle une appréhension corporelle et une interaction avec l’environnement. En privilégiant une démarche sensible et sensorielle, on favorise la découverte par le plus grand nombre de la richesse plastique de la sculpture tout en transmettant un riche corpus d’informations. Que pouvez-vous déjà partager sur l’intérêt du public pour ce nouveau dispositif ? Sophie Hervet : par sa muséographie colorée et lumineuse, l’espace attire nombre d’individuels présents dans la galerie adjacente. Une fois passé son seuil, ils se hasardent à regarder l’un des trois dessins animés introduisant chacune des trois sections thématiques ou bien expérimentent l’orgue à matériaux, le jeu sur les environnements naturels, celui sur la trace que forment les outils, ou encore observent les gestes et les outils du sculpteur. Petits et grands trouvent toujours une approche qui convient à leur curiosité. L’espace est également fréquenté par des groupes de scolaires et de personnes en situation de handicap. Les personnes aveugles apprécient particulièrement la chaleur et la douceur de la lisse en bois qui ceinture l’espace et permet de les guider. La reproduction de la statue équestre de Louis XIV, par sa taille et ses nombreux détails, les fascine. Ils aiment également toucher de « vrais » matériaux et de « vraies » œuvres, pas seulement la résine des reproductions, grâce aux cinq belles têtes féminines exécutées en marbre de Carrare, calcaire, bois de chêne, terre cuite et bronze, qui forment le cœur de la présentation. «C’est un espace beau à toucher » a conclu, lors de sa visite, une visiteuse exprimant son désir de revenir avec sa fille pour partager avec elle sa découverte de la sculpture.
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